Quatorzième Dimanche du Temps Ordinaire

Père, Seigneur du ciel et de la terre

À diverses occasions, dans ses enseignements, Jésus parle de Dieu et l’appelle « votre Père qui est aux cieux » ou il nous dit « prie ton Père dans le secret ».  C’est dans ce même courant que Jésus enseigna à ses disciples le « Notre Père », la prière par excellence, la Prière du Seigneur que nous récitons plusieurs fois par jour.  Mais il y a très peu d’occurrences où les évangélistes dévoilent quelque chose de la prière de Jésus lui-même, et donc de sa relation à Dieu son Père. 

Situons brièvement les circonstances dans lesquelles est Jésus lorsqu’il prononce les paroles que nous venons d’entendre.  Jésus est à un tournant dans sa vie publique, dans la conscience qu’il a de la mission qui lui est confiée par le Père.  Dans la péricope qui précède celle que nous venons d’entendre, Jésus se lamente sur les villes de Galilée qui n’ont pas « reçu » son message.  Les gens n’ont pas cru à sa parole, ils n’ont pas reconnu l’œuvre de Dieu dans les miracles, et Jésus s’en désole.  Après avoir invectivé les villes rebelles, Jésus loue le Père d’avoir caché cela aux sages et aux savants… 

Ce sont les petits, les pauvres, ceux qui n’ont rien à perdre, ceux qui n’attendent rien du pouvoir en place… ce sont ceux-là qui viennent à Jésus : ils boivent ses paroles, ils jubilent à la vue des miracles, ils rendent grâces à Dieu pour toutes les merveilles dont ils sont les témoins.  Tels sont les tout-petits, comme les appelle affectueusement Jésus dans sa prière à son Père. 

Après cette exultation, Jésus s’adresse à ses disciples et leur dévoile, de manière un peu énigmatique, la relation qui Le relie, d’une part avec Dieu son Père, d’autre part avec ses disciples.  Lorsque Jésus affirme que Tout m’a été remis par le Père, qu’est-ce que cela implique ?  Qu’est-ce que le Père possède qu’Il donne à son fils ?  Qu’est-ce que Dieu le Père donne à son Fils Jésus ?  Dieu en effet ne ‘possède’ rien, puisqu’Il est Dieu.  Il ne peut donner que qui Il est : Il se donne, Il donne sa paternité, sa complaisance, son Esprit.  Il ne peut donner que Soi-même. 

Et Jésus continue : personne ne connaît le Fils, sinon le Père, et personne ne connaît le Père, sinon le Fils.  Cette relation que Jésus révèle à ses disciples, dépasse l’entendement humain.  La réciprocité entre le Père et le Fils est plus forte que tout ce que l’on peut vivre – même imaginer – dans nos relations humaines, que ce soit entre époux, entre parents et enfants, entre amis…  Mais, à ses disciples, Jésus ne se contente pas de décrire ce qui est incommunicable entre Lui et son Père.  Cela n’aurait aucun intérêt de divulguer ce qui dépasse l’entendement humain s’il ne nous était donné de pouvoir y participer.  C’est ce que Jésus précise ensuite : personne ne connaît le Père, sinon le Fils, et celui à qui le Fils veut le révéler

Jésus nous invite en quelque sorte en entrer en communion avec Lui et, par Lui, à entrer dans cette relation incommunicable avec son Père.  Dieu Trinité ne veut pas garder pour soi-même cette relation qui n’est pas humaine ni sujette aux aléas de la vie, mais qui est parfaite et éternelle, qui est divine donc. 

Entrer dans l’intimité de la relation entre les trois Personnes Divines, tel est l’appel que Jésus nous adresse aujourd’hui.  Sommes-nous disposés à y répondre positivement ?  Ouvrons tout grand nos cœurs, Dieu ne demande qu’à y faire sa demeure et à nous combler de ses grâces.  Cette relation d’intimité avec la Trinité est infiniment plus que toutes les relations d’amitié que nous pouvons imaginer avec d’autres personnes, parents, époux, famille, amis…   C’est le cœur du message que Jésus est venu nous apporter de la part de Dieu son Père, et qu’il résume dans la conclusion de la péricope évangélique que nous venons d’entendre :
Venez à moi, … prenez sur vous mon joug, …
et vous trouverez le repos pour votre âme.
Oui, mon joug est facile à porter, et mon fardeau, léger.

Et c’est ce que Saint Paul nous rappelait dans l’extrait de son épître aux Romains :  
vous êtes sous l’emprise de l’Esprit, puisque l’Esprit de Dieu habite en vous…
(Et) celui qui a ressuscité Jésus, le Christ, d’entre les morts
donnera aussi la vie à vos corps mortels par son Esprit qui habite en vous.

Ouvrons nos cœurs toujours plus à l’action de l’Esprit en nous.  Ainsi, nous aurons part à la vie de Dieu en nous, et à la vie éternelle ensuite.  Demandons à Dieu dans cette eucharistie, de nous convertir et de nous aider à vivre toujours plus dans l’intimité de la communion entre les Personnes divines.  Par l’Esprit qui habite en nous, oui, le joug du Christ est facile à porter et le fardeau léger.

Frère Bernard-Marie

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