Noël, Messe du Jour

Au commencement était le Verbe…

À la messe de minuit nous avons entendu les anges chanter la louange de Dieu à l’occasion de la naissance d’un Sauveur déposé dans une mangeoire à Bethlehem. À la messe de l’aurore nous aurions entendu les bergers repartir tout heureux de ce qu’ils avaient vu et entendu, tandis que Marie retenait toutes ces choses et les méditait dans son cœur.  La première lecture nous rappelait la jubilation du prophète Isaïe : comme ils sont beaux sur les montagnes les pas du messager de bonne nouvelle.  
Le début de l’épître aux Hébreux, en quelques phrases, nous remet en mémoire la longue histoire de Dieu et de son Peuple, la longue Histoire Sainte :
À bien des reprises et de bien des manières,
Dieu, dans le passé, a parlé à nos pères par les prophètes
L’approche a été laborieuse, et elle ne fut pas toujours au beau fixe.  Apparitions de Dieu et obéissance du peuple, alternent avec les péchés et l’idolâtrie.  Conversion et demande de pardon à Dieu qui, chaque fois, montre sa miséricorde.  Puis le cycle reprend.  Le Premier Testament nous parle du séjour en Egypte, de l’exil à Babylone, du retour d’exil, de la construction et de la reconstruction du Temple. 
À l’époque de la naissance de Jésus, le peuple était dans l’attente de la venue d’un Messie.  Mais personne ne savait comment il viendrait…  Lorsque les mages venus d’Orient demandèrent où devait naître le roi des Juifs, les chefs des prêtres interprétèrent les prophètes en annonçant que la naissance devait se faire à Bethlehem.  Seuls les bergers rendirent gloire à Dieu pour ce qu’ils avaient vu et entendu.  Tous les autres, depuis la naissance de Jésus jusqu’à sa mort, ne reconnurent pas, ou de manière tellement fugace, qui était vraiment Jésus.  Il fallut attendre sa résurrection et le don de l’Esprit pour comprendre.  Et c’est plus d’un demi-siècle après ces événements que Jean rédigea l’évangile que nous venons d’entendre :
Au commencement était le Verbe, et le Verbe était auprès de Dieu, et le Verbe était Dieu.
Il était au commencement auprès de Dieu.
Cette introduction solennelle rappelle une autre introduction, tout aussi solennelle :
Au commencement Dieu créa le ciel et la terre… (Gn 1,1)
Et nous le Verbe dit de lui-même, dans le Livre des Proverbes :
Le Seigneur m’a créée la première de ses œuvres, avant ses œuvres les plus anciennes.
J’ai été établie depuis l’éternité, Dès le commencement, avant l’origine de la terre.
Je fus enfantée quand il n’y avait point d’abîmes… (Prov 3,22-24)
La naissance de Jésus dans notre monde est le commencement d’une nouvelle ère.  Dieu n’est plus seulement créateur et Seigneur du ciel et de la terre.  Il est d’abord et avant tout Père.  C’est le message que Jésus, son Fils unique, est venu nous révéler.  En effet, comme l’affirme encore Saint Jean : 
Dieu, personne ne l’a jamais vu ; le Fils unique, lui qui est Dieu,
lui qui est dans le sein du Père, c’est lui qui l’a fait connaître.
Jésus s’est fait homme pour nous faire connaître Dieu son Père.  Toute la vie de Jésus est résumée dans ces quelques versets du prologue de Saint Jean :
Le Verbe était dans le monde, mais le monde ne l’a pas reconnu. 
Il est venu chez lui, et les siens ne l’ont pas reçu.
Non seulement Jésus ne fut pas reçu, mais il fut rejeté par les siens.  Hérode tua les enfants de moins de deux ans dans la région de Bethlehem.  Jésus ne fut pas accepté par les siens dans la ville de Nazareth, ni par sa propre famille.  Sa vie publique se termina par un échec cuisant : sa condamnation à mort sur la croix…
Mais Dieu écrit droit avec nos lignes courbes.  Comme l’affirme l’extrait de l’épître aux Hébreux :
le Fils, qui porte l’univers par sa parole puissante, après avoir accompli la purification des péchés, s’est assis à la droite de la Majesté divine dans les hauteurs des cieux…
Nous avons ici le condensé de toute la vie de Jésus.  Cela donne toute sa force à la méditation de sa naissance en ce jour de Noël. 
Le Fils unique de Dieu, était auprès du Père lorsque le monde fut créé.
Jésus s’est fait homme pour nous purifier de nos péchés et nous ouvrir le ciel.
Jésus-Christ siège désormais à la droite du Père.
Chaque fois que nous célébrons l’Eucharistie, Jésus se fait chair à manger et sang à boire, pour nous rendre participants de sa divinité.  Durant notre pèlerinage terrestre, chantons la gloire de Dieu parce que son Fils qui s’est fait l’un de nous.  Avec les anges qui descendirent annoncer la bonne nouvelle aux bergers, chantons :
Gloire à Dieu au plus haut des cieux, et paix sur la terre aux hommes qu’Il aime. 

Frère Bernard-Marie

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