Mercredi des Cendres

Jl 2, 12-18; 2 Co 5, 20-6,2; Mt 6, 1-6. 16-18.
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L’Eglise nous invite à entrer chaque année dans le carême avec ce passage de l’Evangile selon St Matthieu. Notre attention est habituellement attirée par les recommandations de Jésus sur la prière, le jeûne et l’aumône. Mais nous oublions bien souvent que Jésus commence par établir un préalable qu’il énonce ainsi: « si vous voulez vivre comme des justes ».

La prière, le jeûne et l’aumône supposent donc ce désir premier, essentiel, ce désir de justice. Mais sommes-nous sûrs que ce désir nous habite vraiment? En effet, si nous sommes un tant soit peu lucides, nous pouvons constater que nous sommes traversés par une multitude de désirs qui n’ont souvent rien à voir avec la justice. Ou, à l’inverse, nous vivons dans une espèce de marasme, d’atonie du désir qui nous laisse vides et sans ardeur.

En fait, notre problème, aujourd’hui, ce n’est pas d’abord l’ostentation ou l’apparence, mais c’est notre désir, qui est malade et a besoin d’être guéri, purifié, réveillé, fortifié. Ce qui nous manque, c’est cette « soif du désir spirituel » dont parle Saint Benoît dans le chapitre 49 de sa Règle, le chapitre sur l’observance du carême.

Et ce que l’Eglise nous propose, en ce début du carême, c’est précisément de raviver en nous cette soif, cet attrait, ce désir pour les choses de Dieu. Et pour cela, elle nous invite d’abord à considérer avec honnêteté et lucidité ce qui encombre notre existence, ce qui nous empêche de voir la vérité. Nous avons besoin de nous arrêter, de faire le point, de retrouver le chemin de la réconciliation avec Dieu et avec nos frères. Les sacrements de la réconciliation et de l’eucharisitie nous sont offerts justement pour cela, pour nous aider sur ce chemin de retour à Dieu.

Mais ce dynamisme, cet élan du premier amour, une fois retrouvé, nous avons besoin qu’il soit entretenu, fortifié, nourri. Notre désir court en effet toujours le risque de s’éteindre, de s’affadir. La médiocrité, la parresse et la suffisance nous guettent. C’est pourquoi, au seuil de ce carême, nous sommes invités à retrouver les chemins de la prière, du jeûne et du partage. Dans sa miséricorde, le Seigneur nous offre ces outils de l’art spirituel pour nous relever, pour nous réveiller, pour nous redonner le goût et la santé. Car si le désir donne le goût, la prière, le jeûne et le partage nourrissent et fortifient le désir.

 

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