Immaculée Conception

Par la jalousie du diable, la mort est entrée dans le monde.

Nous lisons dans le Livre de la Sagesse :

Dieu a créé l’homme pour l’incorruptibilité,
il a fait de lui une image de sa propre identité.
C’est par la jalousie du diable que la mort est entrée dans le monde ;
ils en font l’expérience, ceux qui prennent parti pour lui. (Sg 2,23-24)

Ce texte, écrit dans le courant du second siècle avant notre ère, nous rappelle en quelques mots toute l’Histoire du Salut.  Le Livre de la Genèse raconte le dialogue entre le serpent et Ève, dialogue qui incita la femme à pécher et à faire pécher Adam.  C’est bien la jalousie du serpent qui a provoqué la chute de l’homme.  Mais dans l’image du serpent, nous devons voir le démon, l’ange déchu, jaloux d’avoir perdu la gloire qu’il avait auprès de Dieu avant la création du monde. 

C’est la jalousie qui a provoqué la chute des démons.  C’est la jalousie qui anime le démon lorsqu’il tente les hommes.  Le Satan ne peut supporter que Dieu aime les hommes et qu’Il les invite à entrer dans la vie éternelle.  Nous sommes appelés à rejoindre Dieu et les saints dans la gloire du ciel pour l’éternité.  Cette gloire que le démon et ses anges ont perdue, ils ne supportent pas qu’elle nous soit proposée. 

Le texte du Livre de la Sagesse rappelle, à sa façon, ce que nous avons entendu en première lecture lorsque Dieu s’adresse à Adam, puis à Ève, et enfin au serpent.  S’il y a une « juste » c’est bien Marie, dont la Conception Immaculée la prédestinait à dire « oui » à Dieu, là où nos premiers parents ont dit « non ».  L’âme de Marie était dans la main de Dieu, et Dieu la protégeait d’une manière toute spéciale. 

C’est ce que dit encore le Livre de la Sagesse un tout petit peu plus loin :

Les âmes des justes sont dans la main de Dieu
Après de faibles peines, de grands bienfaits les attendent.  (Sg 3,1.5)

Marie eut droit à des peines.  Elles ne furent pas « faibles » selon nos codes.  Les souffrances de Marie furent longues, douloureuses, à tel point que Syméon prophétisa qu’un glaive lui transpercerait le cœur.  Les souffrances que Marie endura l’accompagnèrent tout au long de sa vie, surtout après son « Oui » à l’Ange de l’Annonciation, pour culminer dans la douleur lorsque Jésus mourut sur la croix.

Si, après de faibles peines, de grands bienfaits nous attendent, que dire dans le cas de Marie ?  Les grands bienfaits font qu’elle est la Reine de Ciel où elle trône à côté de son Fils dans la gloire du Père.  Le bienfait commença dès sa Conception, grâce insigne venant déjà de la mort de Jésus pour nous sauver du péché originel. 

C’est ainsi que, malgré les chutes et les relèvements, malgré les péchés et les conversions qui se succédèrent pour le peuple d’Israël, les sages et les prophètes commençaient à comprendre que le Seigneur ne les laissait pas tomber.  Chaque fois que le peuple criait vers Dieu dans son malheur, un prophète était envoyé pour répondre : convertissez-vous et croyez que je vous aime. 

À l’époque où allait naître Marie, le pays d’Israël était en paix.  Une paix relative bien évidemment, qui allait subir plusieurs révoltes avant que les Romains ne détruisent le Temple un siècle plus tard.  Mais, durant cet intermède de paix et de bonheur, ayant entendu les paroles des Prophètes et des Sages, le Peuple attendait une intervention divine.  C’est l’époque de l’attente du Messie que nous remémorons en ce temps de l’Avent. 

Cette attente est exprimée de la manière la plus claire dans l’Évangile de Luc : Lorsque Zacharie reste plus longtemps que prévu dans le Temple, le peuple se rend compte qu’il a eu une vision, surtout qu’il est désormais muet et ne peut bénir le peuple selon la tradition (Lc 1,21-22)
Au moment de la naissance de Jean, la langue de son père se délie et il loue et glorifie Dieu.  La foule se pose la question : que sera donc cet enfant ? (Lc 1,65-66)
Enfin, au début de la mission de Jean sur les rives du Jourdain, Luc précise : Le peuple était en attente (Lc 3,15).

Marie aussi vivait dans cette attente.  De par la grâce de son Immaculée Conception, elle était, plus que d’autres, à la recherche de ce que Dieu préparait pour son Peuple.  Dans l’iconographique occidentale, on en vint à représenter la Vierge de l’Annonciation devant un livre ouvert.  Souvent il s’agit de la Bible et, lorsqu’il est possible de lire le texte que médite la Vierge Marie, il s’agit de la prophétie d’Isaïe :

Voici que la vierge est enceinte, elle enfantera un fils …  (Is 7,14)

Alors que nous nous avançons doucement vers la fête de Noël, reconnaissons en la fête de ce jour les prémices de la naissance dans notre chair du Fils de Dieu.  Que la Vierge Immaculée soit notre guide dans nous cheminement spirituel et qu’elle nous montre son fils, le Fils de Dieu fait homme pour nous réconcilier avec le Père et nous ouvrir les portes du ciel, après que le péché avait fermé les portes du paradis. 

Frère Bernard-Marie

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