Huitième Dimanche du Temps Ordinaire

Depuis maintenant trois dimanches, nous entendons l’enseignement que Jésus donne sur les bords du Lac de Galilée, au tout début de sa vie publique.  Matthieu appelle ce discours le « Sermon sur la Montagne », pour Luc il est proclamé dans la plaine.  Mais sur le fond, l’enseignement de l’un et de l’autre est très similaire. 
Jésus se présente, pour chacun des deux évangélistes, comme le Nouveau Moïse qui donne la Loi définitive reçue de Dieu même.  Pour Saint Matthieu cette succession saute aux yeux avec le rappel, à plusieurs reprises, des expressions : Il vous a été dit… eh bien, moi je vous dis…  (Mt 5,43-48)
Dans la section d’aujourd’hui le style change, et nous avons une succession de petites paraboles qui nous invitent à chercher plus loin le sens que Jésus leur donne.  Les trois premières images nous parlent de la vision.  Le disciple doit d’abord être formé par son maître avant d’enseigner la vérité à autrui.  Sans quoi, comme un aveugle guidant un aveugle, ils vont tous deux à leur perte. 
La parabole de la paille et de la poutre peut se traduire aussi par le dicton populaire suggérant de balayer d’abord devant sa porte.  L’image invite en effet à garder toute humilité et à ne pas juger… Comment faire la leçon à son frère si notre propre comportement n’est pas conforme à l’enseignement que l’on proclame ? 
C’est encore ce que suggèrent les deux petites paraboles sur les arbres et leurs fruits.  Tout comme la qualité d’un fruit permet de juger de la valeur d’un arbre, de même tout ce que produit l’homme – son comportement, ses paroles, en bien ou en mal – révèle ce qu’il a au plus profond de son cœur.  Avant de se croire en mesure d’enseigner, avançons avec humilité sur la route de la foi et de la communion avec Jésus.  Lui-même n’a pas commencé sa vie publique avant une longue préparation dans la vie cachée de Nazareth.  Suivons son exemple et ne cherchons pas à briller avant l’heure.  C’est ce que Jésus dit dans la seconde parabole de ce matin :
Le disciple n’est pas au-dessus du maître ;
mais une fois bien formé, chacun sera comme son maître.
Fort de l’exemple de Jésus et nous étant mis à son école, nous ne craindrons pas d’être un aveugle guidant un autre aveugle… mais la grâce de Dieu en nous fera des merveilles autour de nous.  Nous serons alors en mesure de retirer la paille dans l’œil de notre frère, par un acte de charité et de miséricorde plutôt qu’en voulant lui faire une quelconque leçon de morale.  C’est ce que Saint Paul nous invite à faire, comme nous l’avons entendu dans la seconde lecture
prenez une part toujours plus active à l’œuvre du Seigneur, car, écrit-il,
la peine que vous vous donnez n’est pas perdue.
Cette affirmation se trouve tout à la fin de l’épître, juste après une des hymnes que Paul nous a transmises.  Il s’agit ici d’une hymne à la victoire du Christ sur la mort, par sa résurrection. 
La mort a été engloutie dans la victoire.
Ô Mort, où est ta victoire ?  Ô Mort, où est-il, ton aiguillon ?
C’est l’invitation de la liturgie de ce jour : méditer sur la mort et sur la vie, méditer sur Jésus-Christ et sa victoire sur la mort par sa résurrection.  Cet appel nous est adressé alors que nous entrerons, mercredi prochain, dans le temps de Carême, temps de préparation au mystère de la passion, de la mort et de la résurrection de Jésus par amour pour nous. 
La lecture de Saint Paul aujourd’hui nous fait déjà nous exclamer comme nous ferons le jour de Pâques : 
Rendons grâce à Dieu qui nous donne la victoire par notre Seigneur Jésus Christ.
Et l’oraison d’ouverture de la présente célébration demande à Dieu, pour chacun de nous :
Que ton peuple connaisse la joie de te servir sans inquiétude. 
Demandons à Dieu dans cette eucharistie de nous conformer toujours davantage à son Fils, que nous puissions dire en toute vérité la prière de conclusion de ce jour :
Par le sacrement qui est notre force aujourd’hui, fais-nous vivre avec toi pour l’éternité. 

Frère Bernard-Marie

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