Homélie pour le fête de l’Assomption

Marie dans l’Histoire du Salut

L’année liturgique nous égraine les grandes étapes de la vie de Jésus, depuis son Annonciation et sa Conception en Marie, en passant par sa naissance, sa vie publique, sa passion, pour aboutir à la gloire de la Résurrection, l’Ascension et la Pentecôte.  Les fêtes de Jésus ne manquent pas. 

Marie est également célébrée tout au long de l’année.  D’une part il y a les événements propres à sa vie à elle, comme son Immaculée Conception, sa Nativité, la Visitation à Élisabeth, et l’Assomption.  D’autre part il y a les fêtes du Seigneur où la place de Marie est indispensable.  Ainsi l’Annonciation, la Naissance de Jésus, sa Présentation au Temple.  Ensuite, il y a les fêtes qui nous rappellent que Marie a vécu et souffert avec Jésus.  La présence de Marie au pied de la croix est rappelée dans la fête de Notre Dame des Douleurs, le lendemain de la fête de la Croix Glorieuse.  Lorsque l’on a instauré la fête du Sacré-Cœur de Jésus, on a ajouté celle du Cœur Immaculé de Marie. 

Lorsque les chrétiens ont médité la personne de Marie par rapport à sa mission, ils se sont posé la question de la qualité de celle qui serait digne d’engendrer le Fils de Dieu.  Saint Paul affirme que Jésus n’a pas connu le péché (2Co 5,21), ce qui veut dire qu’Il n’a pas non plus subi les conséquences du péché de nos premiers parents.  Cela impliquerait que Marie, sa Mère était, elle aussi exempte du péché originel.  Les théologiens mirent du temps avant de conclure qu’elle reçut ce privilège d’avance par la grâce de la victoire de Jésus sur le péché et la mort.  C’est l’Immaculée Conception, dogme proclamé par le Pape Pie IX en 1854 et confirmé par Marie à Sainte Bernadette à Lourdes en 1858.

Lorsque les chrétiens ont médité ce qui se passa après la mort de Marie, ils se sont posé la question de savoir si elle avait été mise au tombeau comme tous les hommes.  Alors que Jésus lui-même n’avait pas connu la corruption dans le tombeau, nombre de chrétiens ont estimé que Marie n’avait pas non plus moisi dans un tombeau.  L’on ne parle pas pour autant d’une résurrection de Marie comme celle que vécut le Christ.  Mais, par la grâce de la résurrection de son Fils, et en l’honneur de son Ascension, l’on estima que Jésus a fait entrer Marie au ciel dès sa mort.  C’est la fête de ce jour, l’Assomption.  Rapidement après son ensevelissement, Marie aurait été emportée au ciel pour siéger à côté de son Fils, en présence de Dieu le Père.  Dans l’église orthodoxe on parle plutôt de la Dormition.  Marie se serait endormie dans le sommeil de la mort et serait directement montée au ciel. 

Du temps de Saint Bernard fête de l’Assomption de Marie existait déjà.  Bernard se posait la question de savoir s’il s’agissait d’une fête de dévotion ou si on pouvait définir l’Assomption comme dogme de foi.  Il objecta que, pour devenir dogme, il fallait des preuves scripturaires, qui n’existent pas. 

Une fois que l’on a défini l’Immaculée Conception, l’Assomption de Marie devient presque évidence.  Lors de la définition du dogme de l’Assomption, en 1950, le Pape Pie XII affirmait : Marie est montée au ciel avec son âme et aussi avec son corps car, épargnée par le péché originel, rien n’oblige son enveloppe charnelle à attendre la résurrection des corps à la fin des temps

On peut compléter la réflexion en ajoutant que, tout comme Jésus est entré au ciel avec son corps, Il voulait accorder ce même privilège à sa Mère.  C’est pourquoi nous avons entendu dans la deuxième lecture :

de même que tous les hommes meurent en Adam,
de même c’est dans le Christ que tous recevront la vie,
mais chacun à son rang : en premier, le Christ, et ensuite, ceux qui lui appartiennent.

La première à bénéficier de ce don de la vie, c’est justement Marie, la mère du Christ.  C’est pourquoi également, dans l’extrait de l’Apocalypse que nous avons entendu en première lecture, nous sommes déjà au ciel, près du sanctuaire de Dieu. 

Tout cela nous donne, en ce milieu du  mois d’août un air de fête de Pâques, ou un air de fête de la Toussaint.  La Pâque du Christ, nous ouvre les portes du ciel.  La Toussaint nous rappelle que nous sommes tous appelés à participer à la gloire de Dieu.  Nous sommes tous des saints en devenir.  L’Assomption nous donne à voir la première des sauvés. 

Toute notre vie est tension entre le déjà là et le pas encore.  Par la foi nous « savons » que notre vie est un pèlerinage pour être toujours davantage en communion avec Dieu.  Mais ce que nous vivons ici-bas n’est rien au regard de ce que nous vivrons une fois que Dieu nous aura rassemblés dans la gloire du ciel. 

En ce jour de fête, ouvrons grand notre cœur pour recevoir la grâce d’une foi plus grande en la vie éternelle.  Que la participation au repas eucharistique soit pour nous un prélude de la joie du festin du Royaume, avec tous les saints autour du trône de Dieu notre Père, de Jésus et de Marie sa Mère.

Frère Bernard-Marie

Ce contenu a été publié dans Homélies 2019. Vous pouvez le mettre en favoris avec ce permalien.