Homélie pour la Saint Jean-Baptiste

La vocation de Jean, et la nôtre.

Jean avait tout pour vivre une vie bien rangée.  Son père Zacharie était prêtre du Seigneur et officiait au Temple où il assurait le service avec son groupe.  Élisabeth, sa mère était elle aussi de descendance sacerdotale.  La famille était installée dans la montagne de Judée, non loin de Jérusalem et du Temple, pour pouvoir s’y rendre rapidement, tant pour les fêtes de pèlerinage que pour les célébrations du shabbat.  Zacharie, lorsqu’il était de service, pouvait rentrer chez lui le soir sans enfreindre les règles de la distance à parcourir.
Jean donc, aurait pu suivre son père et devenir prêtre dans le Temple.  Mais sa vocation propre, il l’a reçue de Dieu Lui-même.  Jean a souvent dû s’interroger sur le miracle de sa naissance, que ses parents lui ont raconté.  Il a dû se demander si les paroles que le prophète Isaïe avait dites ne s’accordaient pas à sa personne :
J’étais encore dans le sein maternel quand le Seigneur m’a appelé ;
j’étais encore dans les entrailles de ma mère quand il a prononcé mon nom.
Jean s’est retiré à l’écart, dans le désert, pour savoir ce que Dieu attendait de lui.  Même si le courant sacerdotal commençait à avoir des opposants, tels les Esséniens et autres communautés de séparés ou de « parfaits », l’appel de Dieu que Jean entendait ne fut pas aisé à préciser.  Qui pouvait lui servir de rabbi pour l’initier à sa vocation propre ?  Il se savait appelé à préparer le chemin pour la venue du Sauveur.  Mais comment faire, que faire, où aller ?
Zacharie son père a également expliqué à Jean l’annonce qu’il avait reçue dans le Temple et qui donne une idée de la vocation de l’enfant à naître.  L’ange lui avait en effet promis :
Il marchera devant, en présence du Seigneur, avec l’esprit et la puissance du prophète Élie, pour faire revenir le cœur des pères vers leurs enfants, … et préparer au Seigneur un peuple bien disposé (Lc 1,17).
Il y a nombre d’autres vocations prophétiques qui sont explicitées dans les Livres de l’Ancien Testament.  Élie et Élisée, Isaïe, Ezéchiel, Jérémie et combien de moins connus, qui d’une manière ou d’une autre ont reçu de Dieu une parole pour leurs contemporains.
Jean devait également se souvenir de la réponse que Jérémie donna au prophète Hananie :
Les prophètes qui ont été avant moi et avant toi, dès les temps anciens, ont prophétisé … le malheur et la peste. (Jr 28,8)
Lorsque le Seigneur appelle Ezéchiel, le livre qu’il est invité à manger est doux comme le miel dans la bouche, mais ensuite il devient amertume dans ses entrailles (Ez 2,8).   Il en fut de même pour le Baptiste.  Jean se joignit au mouvement des prédicateurs appelant à la conversion pour préparer la venue du Messie dont l’attente se faisait pressante.  C’est pour cette vocation spécifique que Dieu l’avait appelé.  Il doit préparer le chemin pour le Seigneur, comme Jean le dira lui-même et comme nous le rappellent les Évangiles.
Très vite Jean invita ses auditeurs à confesser leurs péchés et à recevoir un baptême de conversion dans les eaux du Jourdain.  Une fois qu’il avait trouvé sa voie, la voie à laquelle Dieu l’avait appelé dès le sein de sa mère Elisabeth, Jean confessa :
Celui qui m’a envoyé baptiser d’eau, celui-là m’a dit : Celui sur qui tu verras l’Esprit descendre et s’arrêter, c’est celui qui baptise du Saint-Esprit.
J’ai vu, et j’ai rendu témoignage… (Jn 1,33)
Mais, une fois qu’il a baptisé Jésus, et que les événements ne se passent pas comme il les prévoyait… depuis la prison où l’a enfermé Hérode Antipas, Jean envoie ses disciples pour demander à Jésus :
Es-tu celui qui doit venir, ou devons-nous en attendre un autre? (Lc 7,19)
Aujourd’hui encore, Dieu appelle…  Pas toujours de manière aussi solennelle dans le Temple, pas toujours pour un ministère de premier plan.  Rarement pour appeler des peuples à se convertir.  Toujours est-il qu’à chacun de nous, Dieu propose un chemin.  Il nous invite à Le suivre, à Lui faire confiance, et à avancer.  Sommes-nous attentifs à entendre ses appels ?  Sommes-nous disposés à répondre à ses invitations ?
Tant de fois, nous ne connaissons pas le terme de la route que nous avons prise.  Peu importe, Dieu nous accompagne, Il nous guide.  Et, un jour, tout s’éclaire…
En cette fête de Saint Jean Baptiste, demandons à Dieu de nous éclairer, de nous donner la force de poursuivre sur la route qu’Il nous invite à prendre.  Qu’Il rassure ceux qui doutent, qu’Il confirme ceux qui hésitent, qu’Il encourage ceux qui avancent.  Qu’Il comble de sa paix et de sa grâce ceux qui Lui font confiance.  Reprenons à notre compte la prière d’ouverture de cette célébration :
Accorde à ton Église le don de la joie spirituelle, et quide l’esprit de tous les croyants dans la voie du salut et de la paix.  Amen.

Frère Bernard-Marie

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