Funérailles de P. Armando décédé le 24 novembre 2009

1ère Lect : 1 Pi 1, 3..                            Evangile : Luc 12, 34ss

 

 

 

Le Fils de l’Homme est venu pour P. Armando. Cette fois, le Seigneur a respecté la logique des années, il est venu chercher dans sa 97ème année notre doyen d’âge, qui est aussi le frère qui a le plus grand nombre d’années de profession.

 

Et cependant il est venu le prendre quand même un peu par surprise. Mar di, personne ne s’attendait à son départ. Le dernier verset de l’Evangile a donc valu aussi pour lui : « Tenez-vous prêts : c’est à l’heure où vous n’y penserez pas que le Fils de l’Homme viendra ».

 

Mais P. Armando vivait dans l’attente de ce moment depuis longtemps déjà. Depuis un certain nombre de mois, il diminuait peu à peu ; il ne venait plus au repas commun ; depuis quelque temps, il ne quittait plus guère sa chambre si ce n’est pour participer, depuis la tribune, à l’eucharistie communautaire. Et ces derniers temps, il avait laissé même la lecture, la somnolence gagnait peu à peu.

 

Lui qui était pourtant un veilleur. Non seulement il éveilla, au sens propre, la communauté pendant de nombreuses années. Mais lui-même devançait l’heure des Vigiles, et de beaucoup ! Deux bonnes heures avant l’office, on pouvait, du fond de l’église, l’entendre célébrer l’eucharistie dans l’une des chapelles du presbytère.

 

Il veillait, à sa façon, comme moine : profès depuis le 4 janvier 1931, il était à une année d’un jubilé de 80 (s) années de profession monastique. C’est une belle persévérance. Elle n’a pas toujours dû aller de soi puisqu’assez rapidement, au bout d’une quinzaine d’années de profession, il dût quitter Rome et l’Italie pour vivre ici, à la maison-mère, en terre étrangère.

 

« Heureux le serviteur que le maître, à son arrivée, trouvera en train de veiller ». Que cette promesse du Seigneur s’accomplisse pour P. Armando qui a vécu jour après jour, année après année, le premier verset de notre Evangile : « Restez en tenue de service et gardez vos lampes allumées ». P. Armando a beaucoup et longuement servi au milieu de ses frères, et il a, longuement aussi, veillé et prié aux pieds du Seigneur.

 

« Heureux les serviteurs que le maître, à son arrivée, trouvera en train de veiller ». Cette promesse de bonheur est déployée dans les premiers versets de la 1ère lettre de Pierre. Elle est fondée sur le roc de la résurrection de Jésus : « dans sa grande miséricorde, (Dieu Père de notre Seigneur) nous a fait renaître grâce à la résurrection de Jésus Christ pour une vivante espérance ». Cette espérance, on peut l’entendre au sens de ce qui sera donné plus tard, donc au sens d’ « héritage » dont parle aussi la 1ère de Pierre : « un héritage (nous) est réservé dans les cieux ». Mais l’espérance semée par le Christ est « vivante », comme dit Pierre. Elle n’est pas seulement une joie à venir : elle est une joie présente. Par-delà les tristesses, elle est une joie des profondeurs, qui nourrit au plus près de la source de l’être, « joie imprenable » celle-là, « joie qui ne passe pas ».

 

Semée par la mort et la résurrection de Jésus, elle est gardée par Dieu lui-même, gardée par la « puissance de Dieu » : cette « vivante espérance » est pour vous « que la puissance de Dieu garde par la foi », dans l’attente du jour dernier.

 

Puisse P. Armando obtenir l’aboutissement de sa foi, une foi éprouvée, épurée par une si longue route. Puissions-nous tous communier dans cette même « vivante espérance » qui l’a appelé à la vie monastique et qui nous a conduits chacun sur le chemin en Christ où nous sommes aujourd’hui. Le Seigneur nous invite maintenant à renouveler notre offrande et à rendre grâces à son Père par cette eucharistie.

 

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