Deuxième Dimanche de l’Avent, Année A

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Is 11, 1-10; Rm 15, 4-9 ; Mt 3, 1-12
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Certains exégètes ont eu la tentation d’opposer, parfois, la rigueur et la sévérité dans l’Ancien Testament, à la miséricorde et la douceur dans le Nouveau Testament. L’Évangile que nous venons d’entendre, comme d’ailleurs certaines paroles fortes de Jésus, mettent en défaut cette lecture un peu simpliste. Dans l’Ancien Testament comme dans le Nouveau Testament, nous trouvons la force et la bonté, la rigueur et la patience, la sévérité et la miséricorde de Dieu. L’Écriture, l’Ancien Testament comme le Nouveau Testament forme un tout, elle est une, car c’est le même Dieu qui s’y révèle, qui nous aime et veut nous sauver.
Comme le disait St Paul dans la deuxième lecture : « tout ce que les livres saints ont dit avant nous est écrit pour nous instruire. » Mais alors, comment concilier, comment réconcilier cette image d’un Dieu sévère et exigeant, tel que nous le présente aujourd’hui Jean-Baptiste, avec le Dieu de tendresse et de bonté, le prince de la paix, la lumière bienveillante que nous annonce ce temps de l’Avent ? Dieu aurait-il deux visages ? Serait-il un Dieu imprévisible et changeant ? Certes non. Si quelqu’un est bien fidèle et plein d’amour, c’est bien notre Dieu, notre Seigneur Jésus ! L’Écriture, dans sa diversité et ses apparentes contradictions ne nous révèle pas un Dieu ayant un double visage. Mais elle nous montre les diverses facettes d’un même amour qui se déploie et se dévoile dans l’infinie diversité de nos existences humaines.
Les parents, les mamans le savent bien. S’ils ont, de temps en temps, quelque parole un peu forte, s’ils corrigent parfois avec un peu de rudesse leurs enfants, ce n’est pas par manque d’amour, mais c’est parce que leur amour est plus grand que leur besoin d’être aimé. Ils savent que l’amour veut d’abord le bien de l’autre, avant de chercher son propre intérêt. Les événements de la vie, les passages difficiles, les épreuves nous font souffrir, c’est vrai. Et nous pouvons parfois en ressentir quelque amertume, quelque ressentiment à l’égard de Dieu. Dieu nous aurait-il abandonnés ? Aurait-il fermé ses entrailles de miséricorde ? Certes non. Mais, comme le dit le psaume, il nous est bon parfois d’être humiliés, pour découvrir que nous faisions fausse route, que nous risquions de nous perdre. Dans sa tendresse, Dieu ne nous abandonne pas à nos caprices, à nos désirs insensés, à nos paresses. Il nous reprend, nous corrige, nous pousse et nous bouscule sans cesse, parce qu’il nous aime vraiment, parce qu’il nous aime plus que lui-même, jusqu’à nous donner son propre Fils ! Nous avons tous fait l’expérience de ces amours pleins de force et d’exigence, de bonté et de miséricorde, qui ne se sont jamais lassés de nous relever quand nous tombions, de nous consoler, quand nous étions dans la peine, de nous secouer, quand nous risquions de sombrer dans le sommeil et l’oubli.

Jean-Baptiste, comme tous les prophètes de l’Ancien Testament, est le signe de cet amour infatigable de Dieu pour nous, pour chacun de nous. Notre monde n’a-t-il pas besoin d’être lui aussi réveillé, lui qui glisse si facilement dans le matérialisme et l’insouciance ? En nous redisant, avec insistance, que Dieu nous aime de cet amour fort et bienveillant, l’Église nous redit à quel point nous sommes importants pour Dieu, quelle valeur infinie nous avons à ses yeux. Il ne veut surtout pas nous perdre, perdre un seul de ces petits. Car il donne sa vie pour nous. Son amour dépasse tout ce que nous pouvons imaginer.

 

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