Deuxième Dimanche de l’Avent

Que se passe-t-il à cette date que S. Luc nous indique avec tant de précisions ? Au temps de Tibère à Rome, de Ponce Pilate en Judée, d’Hérode en Galilée, de Philippe, en Iturée, au temps des grands-prêtres Anne et Caïphe… Un événement capital ou    rien du tout ? D’ailleurs, çà se passe, çà se perd… dans le désert !
Mais Jean se met ensuite à parler dans toute la région du Jourdain. Son message est rapproché du début du deuxième livre d’Isaïe. Dieu y annonce que son peuple Israël sera consolé. Et la finale du livre de Baruch, entendue en première lecture, se réjouissait de ce que Dieu avait réalisé sa promesse. Dieu s’est souvenu : tu les avais vus partir, emmenés par les ennemis, et Dieu te les ramène, portés en triomphe, car Dieu a abaissé les hautes montagnes et comblé les vallées. Ce cri de joie de Baruch peut dater du deuxième siècle avant Jésus-Christ, quand Israël avait pu se révolter et retrouver une autonomie. Mais au temps de Jean et de l’empereur Tibère, cette autonomie est bien morte.     Alors, ce Jean qui reprend, au bord du Jourdain, le texte d’Isaïe : « Tout ravin sera comblé, tout homme verra le salut de Dieu », qu’en penser ? Du rêve, un non-événement.
Mais S. Luc ne s’intéresse pas qu’à Jean le Baptiste. Il raconte vite fait, en un petit chapitre, toute l’histoire de ce Jean, depuis ses débuts au Jourdain jusqu’à sa décapitation par Hérode. Et la suite, l’histoire de Jésus, s’accroche dans ce chapitre : Luc nous dit que Jésus fut baptisé par Jean. Les deux histoires, celle de Jean et celle de jésus, sont donc solidaires. Leurs parcours font-ils événement ?  Oui, en un sens, puisqu’ils ont été connus tous les deux, mais leurs histoires à tous les deux ont vraiment tourné court : l’un décapité, l’autre crucifié.
Cependant, la seconde lecture, le début de la lettre de S. Paul aux Philippiens, mentionne Jésus. Et c’est plus qu’une allusion à un ancêtre.
Première chose : pour Paul, Jésus va venir, ce qui sous-entend qu’il est vivant. Paul parle du « jour où viendra le Christ Jésus », et il invite à « marcher sans trébucher vers le jour du Christ ».
Jésus est à l’horizon du futur, mais il est aussi dans le présent de Paul et des Philippiens. Jésus est même ce qui les relie. Paul proclame : « Dieu est témoin de mon attachement pour vous tous dans la tendresse du Christ Jésus ».
Ce qui unit Paul et les Philippiens, ce n’est pas seulement un nom ; on ne serait pas loin alors d’un rassemblement autour d’un drapeau, d’un slogan, d’une idéologie…
Ce qui les unit, c’est une personne vivante. Paul évoque « la tendresse du Christ Jésus ». Et le mot est concret ; il s’agit de quelqu’un qui a des entrailles, c’est-à-dire quelqu’un qui a des sentiments semblables à ceux d’une mère pour ses enfants, filles et fils de ses entrailles.
Oui, tout homme verra le salut de Dieu visible en Jésus Christ, s’il ouvre ses oreilles au message de Jean et à l’Evangile, et s’il laisse Jésus l’entraîner vers son Jour, jour tissé d’amour et de connaissance, de miséricorde et de justice. Oui, avec Jésus et Jean, un événement inouï et irréversible a lieu : il remue notre temps et tous les temps, il éveille notre cœur.

Père Abbé

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