Fête de la Dédicace de l’Eglise

(Lectures : Is 56 ; Ap, 21, 1-5 ; Jn 2)
En ce 30 août, nous fêtons l’anniversaire de la Dédicace, c’est-à-dire : de la consécration de cette église. Pour les frères de la communauté, l’église  c’est un peu notre maison à l’intérieur de la grande maison qu’est tout le monastère. Elle est notre maison parce que c’est là que nous nous y rassemblons souvent chaque jour pour la prière commune. Elle est notre maison parce que c’est là que chacun y vient, à sa façon.De cette maison de Dieu,  que disent nos lectures ? La première lecture, celle tirée du prophète Isaïe, parle d’une « maison de prière ». L’Evangile oppose deux formules : « maison de trafic » et « maison de mon Père ».  Isaïe annonce au peuple d’Israël un temps où bien des étrangers, des non-juifs, monteront au temple du Seigneur. Tous ceux, quels qu’ils soient, « qui s’attachent au service du Seigneur », « ceux qui observent le sabbat », « ceux qui s’attachent à l’alliance (du Seigneur) », tous ceux-là, même s’ils ne sont pas d’Israël,   Dieu les conduit jusque sur cette montagne où il habite, il les accueille dans sa maison. Lieu de bonheur, sa maison est maison de rencontre pour tous les peuples. Elle est « maison de prière ». Car ces gens, s’ils viennent offrir des holocaustes et des sacrifices, se sont mis en route par amour. C’est l’amour du Seigneur qui les a fait s’attacher à lui et les a attirés dans sa maison. Là le Seigneur les accueille ; et, comme il le dit dans cette première lecture, « je les rendrai heureux dans ma maison de prière ».Encore faut-il que ce qui y est vécu ne dégénère pas. Au temps de Jésus, cette quantité de « marchands de bœufs, de brebis et de colombes, et ces changeurs » n’étonnait pas. L’argent et les affaires ont grignoté sur l’attachement du cœur au Seigneur. Une bonne partie du temple est devenue « maison de trafic », comme dit S. Jean. Reste-t-il autre chose ? Le dernier des prophètes, Zacharie, avait annoncé un temps où même tous les adversaires de Jérusalem viendraient se prosterner devant le Seigneur dans le temple. Mais il disait aussi, que ce jour-là, tout serait « propriété du Seigneur », tout serait sacré, et qu’alors « il n’y aurait plus de marchands dans le temple du Seigneur, en ce jour-là ». On en est loin. Mais aujourd’hui, avec Jésus, la prophétie se réalise, et elle se réalise au-delà de toute espérance. Un feu le dévore : « L’amour de ta maison fera mon tourment / l’amour de ta maison me dévorera ». Pour Jésus, cette maison est « la maison de son père », elle n’est que cela. Et son amour de cette maison ne tient à rien d’autre qu’à son amour pour son Père.Dans cet amour, Jésus connaît le cœur du Père. Aussi Jésus voit-il plus loin. Il propose aux Juifs de détruire le temple, et lui le relèvera en trois jours. Tous comprennent qu’il ne parle plus du temple de pierre. Un autre temple, un nouveau temple, et sûrement pas de pierre, va se lever. Un nouveau lieu de rencontre entre Dieu et tous les siens, où tous, quels qu’ils soient, répondront par amour à l’alliance de paix et d’amour. La prophétie d’Isaïe et la vision de l’Apocalypse se rejoignent. Là, Dieu fera bon accueil à tout un chacun ; il les rendra tous heureux. Là, il sera lui-même avec eux, là il essuiera toute larme de leurs yeux. Il n’y aura plus de pleurs, de cri ni de tristesse. Là : en Jésus-Christ son fils, ressuscité d’entre les morts. Jésus ressuscité nous a marqués de son Esprit, il nous a fait son corps. Lui-même, notre Seigneur, est notre maison pour l’éternité.

 

Père Abbé

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