Février 2006

Mercredi 1er – En cette veille de la Présentation de Jésus au temple, nous avons eu au chapitre du soir une cérémonie convenant parfaitement à cette fraîche ingénuité festive : F. Benoît y a renouvelé ses vœux simples et F. Pascal a reçu l’habit blanc des novices.

Jeudi 2 – Si la candeur s’attache aux premiers pas de la vie monastique, c’est elle encore qui accompagne ceux du grand âge, à en croire l’admirable fougue avec laquelle notre Père Armando a franchi le seuil de ses 75 ans de profession monastique, en réaffirmant d’une voix de stentor son obéissance à son abbé jusqu’à la mort. Selon une tradition maintenant bien ancrée, toutes les religieuses et religieux de notre Zone des Flandres participaient à la liturgie, qui fut suivie – ceci pour la première fois – d’un lunch nous réunissant tous à l’hôtellerie avec les invités de notre jubilaire.

Dimanche 5 – P. Abbé et F. Jean-Paul ont passé la journée à Douai pour une cérémonie des plus inattendue. La ville accueillait en effet, le plus officiellement du monde, deux lointains descendants des bénédictins anglais de Douai Abbey (communauté réfugiée à Douai lors des persécutions de la Réforme et qui était destinée à donner à l’Église d’Angleterre sa célèbre Douay Bible). À l’invitation de la municipalité douaisienne, ils sont venus réoccuper non point le grand collège (aujourd’hui lycée Corot) qu’ils y avaient jusqu’en 1903, mais l’ancien et imposant presbytère de la collégiale St Pierre, mis par la ville à leur disposition. Outre l’abbé de Douai Abbey, était présent – côté anglais – l’évêque catholique émérite de Birmingham, Mgr Couve de Murville ! P. Abbé et F. Jean-Paul avaient donc tout pour s’y sentir en famille.

Lundi 6 – P. Prieur s’absentant pendant dix jours pour la session trimestrielle du STIM – bac, P. Abbé devant lui-même s’éloigner dès demain et F. Jean-Paul, Sous-Prieur et cellérier, étant lui-même plus souvent qu’il ne le veut hors d’atteinte, P. Abbé nous a demandé de considérer le Père-Maître, F. Bernard-Marie, quatrième supérieur de la maison. Autre nouvelle importante à ne pas mettre sous le boisseau : après six mois et deux semaines de repos forcé, F. André-Louis a repris ce matin du service à la porterie.

Mardi 7 – P. Abbé participe à Paris à la conférence des supérieurs majeurs du Nord. De là il gagnera Igny où se réunit le lendemain la commission d’aide à cette abbaye, que rejoindront exceptionnellement notre Père Abbé Général ainsi que les Pères Immédiats et les Mères Abbesses de cinq communautés (Altbronn, Belval, Igny, La Grâce-Dieu et Ubexy) afin de réfléchir à leur avenir. Durant ce temps M. Jean-Pierre de Rigal, laïc de Versailles assidu aux pèlerinages de son diocèse en Terre Sainte, entame une session de deux jours à partir de photos ramenées par lui de Syrie et de Turquie. Il appelle ce dernier pays une seconde Terre Sainte en raison des si nombreux souvenirs qu’elle garde de Saint Paul, de Saint Jean et de l’Apocalypse.

Mercredi 8 – En milieu de matinée, alors qu’il cuisinait le repas de midi, F. Georges a été terrassé par un accident cérébral. Evacué d’urgence par le SAMU dans un état comateux, il ne devait plus reprendre connaissance avant son décès, survenu à l’hôpital à l’heure des complies. C’est donc vraiment peu de temps qui nous fut laissé pour réaliser ce qui nous arrivait et ce que nous allions perdre. Les funérailles, célébrées le samedi matin en présence de sa famille, se dérouleront dans une émotion extrême; la communauté faisait réellement bloc, une seule fratrie autour de P. Abbé, pour entourer F. Georges et, dans l’avenir immédiat, tenter de combler le vide car, ainsi que le disait un frère au cimetière : « avec F. Georges, c’est la moitié du Mont des Cats qui part au ciel ». F. Georges avait gardé le statut de convers et comptait 60 ans de présence au monastère; il serait entré à la fin du mois dans sa 80ème année. Lui-même n’avait pas peur de confesser que si la Règle confère au P. Abbé ou au cellérier le rôle de père, la vie lui avait dévolu celui de mère de la communauté.

Mercredi 15 – Le retour de F. Jacques (rentré une première fois d’Acey pour les funérailles) et celui de F. Paul (de la Fille-Dieu) nous remontent le moral, quoiqu’il faille déjà songer à d’autres départs : ce matin, celui de P. Abbé à la Fille-Dieu pour la Visite Régulière et demain celui de F. Bertin au CHR pour l’opération d’encloutage de sa jambe cassée. À l’heure du chapitre du soir, Anne-Catherine, responsable de notre librairie religieuse, est venue nous donner la belle conférence qu’elle avait donnée la semaine précédente au public du magasin à l’occasion du mois du livre religieux.

Le marché du livre religieux semblerait se porter à merveille, à en croire la parution de 5 livres en moyenne par jour. En fait il frise la faillite, ainsi qu’en témoignent la fermeture prochaine de l’une des 4 librairies religieuses du Nord, tandis qu’au plan national deux grandes maisons d’édition se trouvent en difficulté. Grâce à Dieu, notre librairie n’en est pas encore là… F. Pierre a même déjà soumis au conseil de gestion un projet d’agrandissement de sa surface de vente.

Vendredi 24 – Nos administrateurs ont arrangé, pour notre P. Abbé et son cellérier, une première journée de rencontres à Tourcoing avec des industriels susceptibles d’aider au financement du chantier de l’église. Ce même jour, F. Bertin nous est rentré d’hôpital avec « une jambe de fer et un moral d’acier ». Le fer en question, ce sont très exactement 3 clous (!) introduits dans l’os du tibia…


Nous avons commencé en lecture de réfectoire le dernier ouvrage deTimothy Radcliffe, Pourquoi donc être chrétien ? (Cerf 2005) et vous souhaitons, à vous aussi, un très heureux temps quadragésimal.

Ce contenu a été publié dans Chronique mensuelle 2006. Vous pouvez le mettre en favoris avec ce permalien.