Funérailles de Frère Francis Chateau

Décédé le 28 février 2013.  Lectures : Rm  6,3-9  ; Jn  12,24-26
Nous voici réunis autour de Fr. Francis, nous qui sommes toutes ses familles. Sa famille de naissance, lui qui était le 12ème de 13 enfants. Sa famille des « Fils de la Charité », « les Fils » comme il disait. Et sa famille monastique, notre communauté du Mont des Cats. Devraient aussi être représentées toutes ces familles qu’il a cotoyées, qu’il a servies, dans sa vie de prêtre et de prêtre ouvrier.
Le Seigneur a d’abord conduit Fr. Francis au Grand Séminaire d’Arras en octobre 1951, à 21 ans. Première réponse à la parole du Seigneur que nous avons entendue dans l’Evangile : « Si quelqu’un veut me servir, qu’il me suive ». Selon l’expression d’un frère, Francis était un être « pris par Dieu ». Mais cela ne l’a pas empêché, – bien au contraire ! -, de donner à son Seigneur une réponse libre et généreuse, tout au long de sa vie.
Très vite, peut-être même avant son ordination sacerdotale, et, sans doute, grâce à la lecture –relecture –méditation de l’ouvrage du Père René Voillaume « Au cœur des masses » durant son long service militaire au Maroc,     l’appel premier a pris une couleur particulière : devenir missionnaire, mais finalement ici en France, avec les Fils de la Charité, au milieu du Monde Ouvrier et avec les plus petits.
C’est là qu’il fut serviteur, serviteur de Jésus et de tous ses proches. Son apostolat alla vraiment dans le sens de l’enfouissement, « au cœur des masses »,  en devenant prêtre ouvrier à partir de 1967. De cette période qui commençait pourtant à s’éloigner très fort, il avait d’ailleurs gardé jusqu’à aujourd’hui l’une ou l’autre bonne amitié.
Sa vie de chauffeur routier avait aussi son côté de solitude. Équipé de son Evangile, il en faisait une vie de prière.
Peut-être est-ce dans son camion qu’a germé l’idée de poursuivre le chemin dans une vie monastique. Il aimait ses retraites dans les monastères. Mais ce n’est que bien tard qu’il s’aventura vers ce Nord.
Chez nous, il s’est fait à la vie de solitude et de communion fraternelle. Il y a trouvé son équilibre à lui, même s’il a eu du mal à s’y retrouver avec le silence. Le chapelet ne le quittait pas. Fr. Francis continuait aussi de nourrir sa prière : ces derniers temps, et encore ces derniers jours à l’hôpital, il avait avec lui le « Nous autres, gens des rues » de Madeleine Delbrel. Elle lui rappelait sans doute tout son parcours de vie en banlieue, mais elle l’emmenait aussi au pays de la « joie de croire ».
Fr. Francis a répondu à l’appel du Seigneur : il l’a suivi. Le grain qui a été largement enfoui, le voilà qui meurt aujourd’hui. Mais il ne meurt pas seul ! Baptisé en Jésus Christ, c’est dans sa mort qu’il a été baptisé. Et, dit S. Paul aux Romains, c’est avec Jésus qu’il a été mis au tombeau. Déjà, par le baptême puis par toute sa vie de baptisé, il a été totalement uni, assimilé à la mort de Jésus. Mais, continue S. Paul, c’est pour qu’il soit aussi uni à la Résurrection de Jésus. Et Paul conclut : « Si nous sommes passés par la mort avec le Christ, nous croyons que nous vivrons aussi avec Lui ».
Au terme de cette vie donnée à Jésus, Jésus le prendra avec lui dans sa Résurrection. C’est la prière que Fr. Francis nous invite à faire aujourd’hui pour lui. Et lui-même continuera de prier le Seigneur pour nous : nous, toutes ses familles, tous ses amis proches ou lointains ; il continuera de présenter au Seigneur la moisson qui lève et qui espère ses moissonneurs.

Père Abbé

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