Admission au Noviciat de Frère Félix

Cher Frère Félix, tu arrives à cette première étape officielle qu’est l’admission au noviciat. Et çà tombe sur la fête de l’Epiphanie. Un signe sûrement ! On peut même en relever beaucoup ! Trois peut-être pour ce matin : une étoile, une étable, une famille.
L’Épiphanie, c’est d’abord la longue marche des Mages. Ils viennent de l’Orient, c’est-à-dire de très loin. Et c’est il y a bien longtemps qu’une lumière toute particulière, une étoile, a brillé dans leur vie et dans ta vie. Des années de cela. Le Seigneur est venu à ta rencontre et t’a mis en route. L’idée de vie monastique et l’idée de Mont des Cats ne t’ont pas conduit immédiatement ici ; c’est seulement après bien des années que tu t’es lancé dans une première plongée monastique ici. La marche a été longue, mais tu as suivi et trouvé l’étoile au-dessus de ce lieu. Et à partir de là, les pas ont été plus rapides. Tu as traversé une période de stage, puis tout un temps de postulat. Il y eut déjà des passages resserrés ; mais il s’est fait que tu es passé grâce, je crois, à ton regard vers l’Étoile, vers Jésus la vraie Lumière. Il a ranimé en toi la joie, et c’est elle qui te conduit aujourd’hui à vouloir continuer le chemin et à faire cette demande d’être admis au noviciat de la communauté.
Mais les mages, arrivés au lieu, que trouvent-ils en fait ? Disons : une étable, …puisque l’enfant est couché dans une mangeoire. Bien sûr, notre maison n’est pas tout à fait une étable mais c’est sûrement loin d’être un hôtel de luxe. Faire ces comparaisons est d’ailleurs bien inutile. Notre maison, notre vie de communauté, a sa paille, son fumier, son humidité, son froid, ses courants d’air. Ce n’est pas vraiment climatisé. Ce qui maintient la chaleur et la vie, c’est le Seigneur et ce sont les frères, même si nous ressemblons assez souvent à l’âne ou au bœuf.
Justement les mages ne viennent pas d’abord pour les murs ou pour les animaux. Ils viennent visiter une famille. Ce qu’ils découvrent dépasse leur attente. Les liens qui unissent ces trois personnes, la qualité de leurs relations, les émerveillent, tout comme çà nous émerveille nous aussi, des siècles après eux.
C’est aussi ce que tu cherches, Félix, en frappant à la porte de cette maison. Tu n’espères pas trouver le tableau de Bethléem mais la présence sensible de ces personnes, l’enfant et sa mère et Joseph. S. Joseph, le protecteur de la maison, la Vierge Marie notre mère, toujours accessible et toujours attentive, et Jésus son fils qui habite les cœurs et nous entraîne vers son Père.
Ce que Jésus veut y vivre avec chacun et avec tous est décrit, par excellence, dans ce chapitre 72 de la Règle de S. Benoît que tu as choisi pour ce matin. C’est Jésus le premier qui brûle d’un très grand amour et prévient d’égards n’importe lequel de ses frères ; c’est lui qui supporte avec très grande patience, une patience au superlatif, une patience humaine mais aussi plus qu’humaine, lui qui supporte nos infirmités, nos faiblesses corporelles et ce que notre caractère, notre manière d’être, a d’insupportable ; lui qui rivalise d’obéissance à l’égard de tous ; lui qui cherche ce qui est bon non pour lui mais pour autrui ; lui qui aime de manière si juste tous les frères.
Ce Jésus-là qui est venu à ta rencontre et que tu as perçu vivant dans des relations de toutes sortes, en église, en paroisse, dans les hôpitaux et les maisons de retraite, dans ton travail aussi, tu veux lui offrir ta vie dans ce lieu monastique cistercien concret. Tu désires le connaître davantage et le servir au milieu des frères, tu désires lui laisser passage en toi vers tes frères.
Ce vœu, nous l’accompagnons et nous le reprenons à notre compte en ce jour. Nous ferons route tous ensemble, nous poursuivrons la marche, vers la « vie avec Dieu pour toujours », à laquelle nous invite la finale du chapitre 72.
Prions Jésus, et aussi sa mère et notre mère Marie, et aussi S. Joseph, de veiller sur notre chemin à tous, à toi Félix et à nous tous,    d’y maintenir et d’y faire grandir la lumière de cette « joie » qui s’est levée quand l’Etoile est apparue dans nos vies.

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