Noël, Messe de Minuit

Le Fils du Très-Haut naît à Bethlehem.

L’ange Gabriel fut envoyé une première fois à Nazareth pour demander à Marie de devenir la Mère du Fils de Dieu.  L’ange lui promettait :
Il sera grand, et sera appelé Fils du Très-Haut.
Le Seigneur Dieu lui donnera le trône de David, son père ;
il régnera sur la maison de Jacob pour les siècles
et son règne n’aura pas de fin.
(Lc 1,32-33)
Peu de jours après, l’ange Gabriel fut envoyé auprès de Joseph, fiancé à Marie, pour lui demander de prendre chez lui Marie son épouse.  Dans le songe, l’ange lui dit :
l’enfant qu’elle a conçu vient du Saint-Esprit,
elle enfantera un fils, et tu lui donneras le nom de Jésus,
car c’est lui qui sauvera son peuple de ses péchés.
(Mt 1,20-21)
Dans l’Évangile que nous venons d’entendre, nous apprenons, encore une fois, que Joseph est issu de la race de Juda, de la lignée du roi David.  Et voilà que, pour le recensement, Joseph et Marie doivent se rendre à Bethlehem, la ville de David.  Voilà donc le descendant de David, avec son épouse qui est enceinte, qui se rendent à Bethlehem.  Pauvrement vêtus, ils s’acheminent discrètement vers la ville royale, Marie étant assise sur un âne que conduit Joseph.  Arrivés sur place, les hôteliers ne voulaient pas prendre en charge la maman sur le point d’accoucher.
Le bon Joseph bougonna dans sa barbe, qu’il avait bien longue :
« Voilà à quoi mènent toutes les promesses faites par Dieu et ses anges…
Ceux qui s’habillent de vêtements somptueux habitent les palais des rois (Lc 7,25), tandis que nous qui avons en charge l’Emmanuel, n’avons trouvé refuge que dans une vieille étable où la paille de la mangeoire fut le premier lit de l’Enfant-Dieu, du Messie, du Sauveur. »
Jésus lui répondra plus tard : Le fils de l’homme n’a pas de pierre où reposer la tête (Lc 9,58)…
Mais Dieu le Père veillait et avait tout prévu.  Combien de riches et de puissants auraient accepté de s’émerveiller devant un nouveau-né même si des anges annonçaient qu’il serait un jour le Sauveur du peuple ?  Comme le dira Jésus, les publicains et les pécheurs, précéderont les chefs du Peuple dans le Royaume de Dieu (cf Mt 21,31-32).  C’est pourquoi Dieu envoya les anges prévenir les bergers qui veillaient leurs troupeaux non loin de l’étable où s’étaient réfugiés Joseph et Marie avec l’Enfant.  Ceux-ci, émerveillés par l’annonce des anges, crurent aux paroles qu’ils entendirent et s’empressèrent d’aller adorer l’Enfant.  Et là, les anges eux-mêmes firent avec les bergers une cour divine pour le nouveau-né…
Gloire à Dieu au plus haut des cieux, chantèrent-ils tous en chœur.
De quoi rassurer les jeunes parents qui jusqu’ici avaient subi tant de déboires, rejets et autres moqueries.  Joseph et Marie n’en crurent ni leurs yeux ni leurs oreilles, mais s’émerveillèrent de voir que Dieu le Père avait envoyé pour les rassurer tout la cour céleste : les chœurs des archanges et les anges musiciens.   Oui, en cette nuit où Dieu se fait homme, le ciel et la terre se rejoignent.  Une porte est ouverte sur le ciel tandis que le ciel descend sur terre pour rendre hommage au Fils de Dieu.
C’est la fête que nous célébrons en cette nuit de Noël : le divin qui vient faire irruption dans notre monde humain, le monde humain qui entre en contact avec le divin.  La vie sur terre n’est plus la même après la naissance de Jésus parmi nous.  La porte entre le ciel et la terre a été ouverte durant la nuit de Noël, elle ne se refermera jamais plus.  Jésus-Christ, en se faisant homme, de riche qu’il était, s’est fait pauvre pour nous, afin de nous enrichir par sa pauvreté (cf 2Co 8,9).
Seuls les humbles de la terre sont en mesure de comprendre cette nouveauté… Comme dans la première communauté chrétienne, autour de la crèche de Bethlehem il n’y avait pas beaucoup de sages selon la chair, pas beaucoup de puissants, pas beaucoup de gens bien nés (1Co 1,26).
En cette nuit de Noël, regardons le mystère avec les yeux et le cœur d’enfants prêts à s’émerveiller.  Rendons grâces à Dieu qui fait des merveilles et qui, aujourd’hui, commence une grande œuvre pour les hommes, pour chacun de nous.  Que la participation à l’Eucharistie soit une action de grâces pour les dons reçus et une anticipation de notre entrée dans le ciel par la porte que Dieu vient d’ouvrir par la naissance de son Fils.

Frère Bernard-Marie

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