Vingt-huitième Dimanche du T.O., Année A

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Is 25, 6-9; Phil 4, 12-20; Mt 22, 1-14.
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Soyons-en persuadés, une fois pour toutes, “les invités n’en étaient pas dignes”. Nombreux sont, dans les Evangiles, les passages où Jésus constate, parfois avec tristesse, que ceux qu’il appelle à le suivre, n’en sont pas dignes. Ils traînent les pieds, cherchent des excuses, lui tournent le dos, quand ils ne cherchent pas à le tuer. Non l’amour n’est pas aimé.
Alors Dieu a ouvert toutes grandes les portes de son Royaume! Car en matière d’amour et de sainteté, il n’y a pas de droit acquis, pas de dynastie qui se transmette de génération en génération un quelconque héritage. Le Royaume est ouvert à tous, “les mauvais comme les bons”, nous rappelle la parabole, mais à une condition, à la condition de revêtir le “vêtement de noce”.
Ce “vêtement de noce”, Jésus ne nous explique pas vraiment ce qu’il signifie. Il ne nous explique pas non plus pourquoi le roi se montre tout à coup si exigeant pour cet invité trouvé à la croisée des chemins et qui, après tout, ne s’attendait pas à être invité. Sans doute nous faut-il chercher ailleurs, et particulièrement chez l’Apôtre Paul, la signification de cette expression, pour éclairer les propos de Jésus.
Saint Paul, dans sa seconde Epître aux Corinthiens, nous met sur la piste lorsqu’il s’exclame, au chapitre 5: “nous gémissons dans le désir ardent de revêtir, par dessus l’autre, notre habitation céleste, pourvu que nous soyons trouvés vêtus et non pas nus”. Et ailleurs, dans un autre passage de ses lettres, il va préciser qu’ “il faut en effet que cet être corruptible revête l’incorruptibilité, et que cet être mortel revête l’immortalité” (1 Co 15, 53). Ce vêtement nouveau, qu’il nous faut passer par dessus notre être de chair, Saint Paul l’appelle “l’homme nouveau” (Col 3, 10), auquel il va consacrer de longs développements, dans ses épîtres.
Cet “homme nouveau, créé selon Dieu, dans la justice et la sainteté qui viennent de la vérité” (Eph 4, 24), il nous faut en effet le revêtir en nous dépouillant d’abord “du vieil homme qui se corrompt sous l’effet des convoitises trompeuses” (Eph 4, 22). Et qu’est-ce que cela signifie? L’Apôtre s’en explique: “il vous faut être renouvelés” nous dit-il, “ par la transformation spirituelle de votre intelligence” (Eph 4, 23), en nous débarrassant de tout ce qui nous engluait dans le mal, le mensonge, la haine: “débarrassez-vous de tout cela: colère, irritation, méchanceté, injures, grossièreté sortie de vos lèvres; plus de mensonges entre vous” (Col 3, 8-9).
Et Saint Paul précise sa pensée de façon positive, cette fois, en ajoutant : “revêtez donc des sentiments de compassion, de bienveillance, d’humilité, de douceur, de patience. Supportez-vous les uns les autres, et si l’un a un grief contre l’autre, pardonnez-vous mutuellement; comme le Seigneur vous a pardonnés, faites de même, vous aussi; et par dessus tout, revêtez l’amour, c’est le lien parfait” (Col 3, 12-14). Ce qu’il résumera ailleurs en une formule devenue célèbre et qui résume tout : “revêtez le Christ”!
Ce bref détour par quelques textes de Saint Paul nous a ainsi aidés à mieux comprendre ce que Jésus veut nous dire, à travers cette parabole. Le vêtement requis pour entrer et demeurer dans la salle des noces, c’est l’amour, c’est Jésus lui-même. Le vêtement des noces, ce ne sont ni nos prétendus mérites, ni notre supposée sagesse, mais c’est lui Jésus, qui seul peut transformer le regard que nous portons sur nos frères, qui seul peut faire de nous des justes, et qui seul peut nous sauver des “ténèbres, là où il y aura des pleurs et des grincements de dents”.
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