Troisième Dimanche de Pâques, Année B

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Act 3, 13-19; 1 Jn 2, 1-5a; Lc 24, 35-48.

 

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Ce qu’il y a de plus étonnant, dans le passage de l’évangile que nous venons d’entendre, c’est la « stupeur et la crainte » des disciples. Ils étaient pourtant en train de raconter « ce qui s’était passé en route », aux abords d’Emmaüs, « et comment ils avaient reconnu le Seigneur quand il avait rompu le pain ». Et les voilà pétrifiés, incapables de tirer les leçons de ce qu’ils venaient de vivre.

 

Les récits des apparitions de Jésus Ressuscité aux disciples nous laissent cependant entrevoir une véritable pédagogie de l’annonce de la Résurrection. Le passage que nous venons d’entendre, tiré de l’évangile de Luc, nous aide à mieux saisir l’intention profonde du Seigneur. Il nous aide à mieux comprendre ce qu’est l’expérience du mystère de la Résurrection vécue par les premiers disciples. Reprenons le récit, tel que nous le livre saint Luc.

 

La première expérience des disciples, sur la route d’Emmaüs, est celle de la rencontre d’un inconnu. Les disciples ne soupçonnent pas qui est l’homme qui marche avec eux, les interroge et leur explique le sens des Ecritures. Ce n’est que lorsqu’il a rompu le pain qu’ils le reconnaissent. Mais alors, il disparaît à leurs regards. Dans cette première rencontre, il y a déjà toute une progression, qui part des réalités les plus banales de la vie courante, puis se déploie dans l’explication des Ecritures, avant de s’achever dans le mystère de l’Eucharistie. On y reconnaît aisément le parcours vécu par tout nouveau croyant.

 

La seconde expérience, qui correspond au centre du récit que nous venons d’entendre, est très différente. Jésus apparaît brusquement au milieu des disciples, et ils le reconnaissent immédiatement. Il ne s’agit plus, pour Jésus, de convaincre des gens qui doutent et qui sont désorientés par les événements, mais bien de renforcer et d’approfondir la foi des témoins de la Résurrection. Celui qu’ils ont vu et entendu n’est pas un pur esprit! Ils peuvent toucher son corps, voir ses mains et ses pieds transpercés. Jésus partage leur repas et « mange devant eux ». Il s’agit donc de la rencontre personnelle du Ressuscité qui, un jour ou l’autre, va bouleverser la vie du croyant.

 

Et c’est alors que commence la troisième étape de l’expérience du Christ Ressuscité. De nouveau, le Seigneur rappelle aux disciples ce qu’il leur avait déjà dit auparavant et il leur explique de nouveau les Ecritures. « Il leur ouvre l’intelligence des Ecritures », nous dit saint Luc, pour qu’ils deviennent les témoins de la bonne nouvelle qui doit être proclamée « à toutes les nations, en commençant par Jérusalem ». Ainsi, la vocation des disciples fait-elle aussi partie de l’expérience de la Résurrection.

 

Ce qu’ils ont eux-mêmes reçu d’un inconnu sur la route d’Emmaüs, ils vont pouvoir à leur tour le transmettre à d’autres inconnus, sur les chemins du monde, parce qu’ils ont pu faire l’expérience du Seigneur Vivant. Ils n’annoncent pas des idées ou des concepts, mais c’est une véritable rencontre avec le Seigneur qui leur permet de témoigner à leur tour de la Résurrection.

 

Saint Luc nous amène ainsi au coeur même du mystère de l’Eglise, cette chaîne ininterrompue de témoins qui, au fil des siècles, ont transmis à des inconnus ce qu’ils ont eux-mêmes reçu, parce qu’ils ont vécu, d’une manière ou d’une autre, l’expérience d’une authentique rencontre avec le Seigneur Jésus Vivant!

 

Ce mystère de l’Eglise, nous le vivons, aujourd’hui encore! Car c’est ce mystère qui nous rassemble aujourd’hui encore, dans cette église, pour rencontrer le Seigneur Jésus. Et c’est lui qui nous conduira, dans les jours qui viennent à croiser d’autres inconnus sur notre route: des hommes et des femmes qui, comme les premiers disciples d’Emmaüs, ne comprennent plus le sens de leur vie, et attendent de rencontrer des témoins.

 

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