Solennité de la Sainte Trinité, Année B

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Dt 4, 32-40; Rom 8, 14-17; Mt 28, 16-20.

 

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Pour célébrer le mystère de la Sainte Trinité, les lectures de ce jour nous proposent une triple perspective.

 

Il y a d’abord, dans le passage tiré du Deutéronome, la perspective historique. Dieu s’est révélé dans l’histoire d’un peuple, dans l’histoire d’Israël, et il suffit, pour s’en convaincre, « d’interroger les temps anciens », nous dit le Deutéronome. Cette révélation première s’est faite sous le signe de l’unicité de Dieu. Face au foisonnement des idoles et des divinités antiques, Israël insiste sur le caractère unique, singulier, personnel de son Dieu. Mais le Dieu d’Israël n’est pas seulement lié à un peuple et à une terre: Il est déjà le Dieu qui est « là-haut dans le ciel comme ici-bas sur la terre »! Les limites du temps et de l’espace, les limites de nos catégories et de nos façons de penser ne s’imposent pas à Lui.

 

La seconde dimension qui nous est proposée par l’Evangile de ce jour, c’est la dimension missionnaire de la foi trinitaire. En exprimant de manière nouvelle l’Unité de Dieu dans la Trinité des personnes, Jésus fait aussi éclater les limites étroites du peuple élu pour envoyer ses disciples aux quatre coins du monde, à toutes les nations, afin qu’elles soient baptisées « au nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit »! Le Seul et Unique Dieu d’Israël, en se révélant comme amour, comme don, comme vie, fait de nouveau éclater nos catégories humaines. Le mystère de Dieu dépasse ce que nous pourrions en comprendre. Il est au-delà de ce que nous pouvons imaginer et concevoir. Il fait éclater les frontières et les barrières que nous érigeons sans cesse autour de nous et entre nous. Comme Dieu est Un en Trois personnes, de même notre humanité est une, dans la multiplicité des peuples qui la composent. Et Dieu ne fait aucune différence entre nous! Il nous aime tous d’un amour de préférence!

 

C’est alors que la troisième dimension qui nous est dévoilée dans les lectures de ce jour, à travers le passage de l’Epître aux Romains, prend toute sa signification. Dieu est bien au dehors de nous, Il se révèle à nous, Il nous parle, certes, mais Il est aussi en nous, au plus intime de nous-mêmes, dans ce lieu mystérieux et secret qui est au centre de notre propre personne. Et là, l’Esprit nous pousse à crier « Abba », Père! Nous ne sommes pas appelés à être les esclaves de Dieu, ses serviteurs, mais plutôt à devenir ses enfants bien-aimés! La foi trinitaire prend alors une tout autre dimension. Elle nous touche au plus profond de nous-mêmes. Il ne s’agit pas simplement de notions, de concepts, de connaissance, mais de vie.

 

En se révélant à nous Père, Fils et Esprit, Dieu nous dévoile d’abord notre vocation ultime: nous sommes appelés à devenir « enfants de Dieu ». Nous sommes appelés à nous laisser saisir par ce mouvement d’amour qui unit le Père et le Fils dans le don de l’Esprit, pour vivre de cette vie divine qui nous est offerte. Dieu ne veut pas seulement que nous l’adorions, que nous le louions, que nous l’annoncions, mais Il veut d’abord que nous vivions de Sa vie, que nous lui devenions semblables, que nous nous laissions diviniser, comme le disaient les Pères de l’Eglise, dans les premiers siècles.

 

La foi en la Trinité n’est donc pas un aspect secondaire, facultatif de notre foi chrétienne! Elle est au coeur du mystère que Jésus est venu nous révéler. En nous révélant qui est Dieu, en nous dévoilant sa vie intime, Jésus nous révèle aussi qui nous sommes et à quoi nous sommes appelés. Dieu est amour, c’est pourquoi nous sommes faits pour aimer! Quel amour pourrait se contenter de se contempler soi-même? Dans la foi chrétienne, qui est foi trinitaire, l’autre n’est ni un obstacle, ni un ennemi, mais toujours un don! Et nous sommes faits pour devenir don, nous aussi, à notre tour!

 

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