Solennité du Saint Sacrement, Année B

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Ex 24, 3-8; Hb 9, 11-15; Mc 14, 12-26.

 

 

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Il y a des moments, dans la vie, où les paroles ne suffisent plus. Il faut alors poser des actes, des signes, des gestes forts qui touchent, à une profondeur bien plus grande, le coeur des hommes. Si cela vaut pour les réalités humaines, c\’est encore plus vrai pour la Révélation de Dieu, qui nous dépasse infiniment. Là où le langage de l\’intelligence trouve ses limites, il faut un autre langage, qui rejoint les espaces les plus secrets et les plus intimes de notre être.

 

 

La première lecture, tirée du livre de l\’Exode, nous montrait déjà comment Dieu avait voulu aller au delà de la parole, en instituant le rite de la purification des péchés par le sang. Le rite du sacrifice, qui relie le don de la vie au passage par la mort, touche des cordes très secrètes de notre humanité. Même si ce type de sacrifice nous répugne aujourd\’hui, nous percevons intuitivement le lien mystérieux qui unit le don de la vie au sacrifice de la vie.

 

 

Mais le sacrifice de l\’Exode, par son rite de purification extérieure, n\’atteignait pas les racines du mal. Il en effaçait seulement les conséquences extérieures, comme le soulignait la seconde lecture tirée de l\’épître aux Hébreux. Il fallait davantage non seulement pour libérer l\’humanité de la tache originelle, mais surtout pour nous introduire dans la vie même de Dieu.

 

 

En s\’offrant lui-même, en nous donnant son corps et son sang, Jésus a voulu non seulement effacer, laver et purifier notre coeur, mais il a aussi surtout voulu nous révéler la profondeur infinie de l\’amour que Dieu a pour nous. En posant ce geste, la veille de sa passion, Jésus a contracté avec tout le genre humain une alliance nouvelle, éternelle. Il ne s\’agit plus d\’une simple purification extérieure, comme dans les sacrifices de l\’ancienne alliance, mais d\’un extraordinaire renouvellement intérieur.

 

 

Ce passage de la parole à la réalité, de l\’extérieur à l\’intérieur, Jésus l\’a vécu d\’abord dans sa propre chair, au moment de sa passion. Et s\’il nous a laissé ce sacrement de son corps et de son sang, c\’est parce que nous avons besoin, nous aussi, de passer des paroles aux actes, d\’une religiosité extérieure et superficielle à la découverte de la vie intérieure. L\’eucharistie que nous célébrons, l\’eucharistie que nous vénérons et adorons, nous a été donnée pour qu\’à notre tour nous devenions ce que nous recevons.

 

 

En effet, en communiant au corps du Christ, nous consentons à recevoir une vie nouvelle, une autre manière d\’être, de vivre, de nous comporter, qui est celle de Jésus lui-même. En communiant au corps du Seigneur, nous acceptons aussi de devenir les membres de ce grand corps qu\’est l\’Eglise, chargée par son Seigneur d\’annoncer, par la parole mais aussi par l\’exemple, l\’amour de Dieu pour la multitude.

 

 

Frères et soeurs, à la fin de cette célébration, nous allons sortir en procession et nous suivrons l\’ostensoir avec le corps du Seigneur. L\’eucharistie est le sacrement de la suite de Jésus. Elle nous invite à le suivre, ensemble, sur les chemins du monde, car l\’eucharistie est missionnaire! Et elle nous donne aussi la force de le suivre, car la mission ne dépend pas de nos forces humaines, mais de la puissance du Sauveur. Laissons-nous donc toucher par ce mystère de l\’amour de Dieu pour nous, pour chacun de nous, et pour tous les hommes.

 

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