Quatrième Dimanche de l’Avent

Cette visite de Marie à Elisabeth est pleine de joie. Rien d’étonnant à cela : toute visite est en soi porteuse de joie, comme l’est ou devrait être toute rencontre.

La joie, dans cette scène, est, si l’on peut dire, plus profonde, plus cachée, et donc plus invincible, plus irrésistible encore : c’est celle dont vibre un enfant encore dans le sein de sa mère. Une joie qui retentit dans tout le corps, dans tout l’être d’Elisabeth. Une joie dont elle déborde et qu’elle communique à sa cousine Marie. Joie qui a d’ailleurs éclaté à l’arrivée même de Marie, venue en hâte par un bon bout de chemin et maintenant là sur le seuil de chez Elisabeth.

A peine Marie salue-t-elle Elisabeth, à peine Elisabeth entend-elle la salutation de Marie que « l’enfant tressaillit en elle ». Et Elisabeth déborde alors de mots, et elle déchiffre le tressaillement qu’elle a ressenti : c’est un éclatement de joie, l’ « allégresse ». « Lorsque j’ai entendu tes paroles de salutation, l’enfant a tressailli d’allégresse au-dedans de moi ». Ce tressaillement d’allégresse est la parole la plus forte qu’Elisabeth pouvait entendre, la parole la plus irréfutable, la parole la plus décisive. Cette allégresse qui la soulève de l’intérieur lui ouvre les yeux et le cœur. Elle lui fait accueillir Marie dans un bondissement de joie, une heureuse et délicate tendresse.
Mais elle n’est pas la seule. Marie, dont on n’entend pas les paroles, finit par chanter elle aussi la joie qui l’habite. « Mon âme exalte le Seigneur », répond-elle à Elisabeth.  Et elle aussi est « remplie d’allégresse ». Et mon esprit est rempli d’allégresse à cause de Dieu, mon Sauveur ». Cette cause, elle la précise encore mais discrètement : « parce qu’il a porté son regard sur l’humilité de sa servante ». L’allégresse qui la porte lui vient de ce que Dieu l’a regardée, l’a saluée, de ce qu’il vient de lui annoncer.  Elle lui vient de ce Fils qui lui a été donné.
Cet enfant qu’elle attend sème l’allégresse comme l’enfant promis à Elisabeth et Zacharie : « Zacharie, ta prière a été exaucée. Ta femme Elisabeth t’enfantera un fils (…). Tu en auras joie et allégresse ». Cette allégresse promise surgit lors de la rencontre des deux cousines et de leurs enfants. Noël est tout proche !

Les naissances de Jean et de Jésus suscitèrent la joie des « voisins et des parents «  d’Elisabeth et des bergers de Bethléhem. Mais aussi… l’étonnement. « Son nom sera Jean, et tous furent étonnés ». « Et tous ceux qui entendaient ce que disaient les bergers en furent étonnés ». La joie, l’allégresse n’ont pas disparu, elles sont comme à l’écoute. Comme Marie qui roule tous ces évènements dans son cœur, qui les médite. Comme elle roulera toutes les paroles, les faits et les gestes de son fils jusqu’au bout, jusqu’au calvaire, au tombeau, et à la chambre haute.

L’annonce faite à Marie nous a été faite à nous aussi, en Eglise, par ses messagers vivants. Et une naissance a eu lieu en chaque chrétien. Une vie d’au-delà de la mort, ou plutôt un vivant, le Vivant l’habite. De cette présence ineffable, naît la joie, l’allégresse d’Elisabeth et de Marie, la joie et l’allégresse qui éclaire les jours, la joie et l’allégresse qui traversent tout et nous tirent irrésistiblement vers la lumière, la venue de Jésus.

 

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