Septième Dimanche de Pâques

Nous sommes après l’Ascension de Jésus. Et pourtant l’Evangile nous fait réentendre une parole de Jésus située juste avant sa passion. Cette parole est une prière à son Père pour que tous ses disciples soient ‘un’ ; ‘un’ en nous, dit-il. Cette unité-là va en effet au-delà de la séparation de l’Ascension. Elle est tissée à jamais en Dieu.

 

Jésus n’est plus là, il s’est effectivement séparé de ses disciples, comme nous l’ont dit les récits de l’Ascension. Mais ce départ ne les a pas plongés dans la tristesse. Au contraire, ils retournèrent vers Jérusalem remplis de joie, et sans cesse ils bénissaient Dieu.

 

Cette joie est le signe d’une unité plus profonde que la séparation ; cette unité dont nous parle l’Evangile d’aujourd’hui. Les disciples ne font qu’un en Jésus et son Père, selon la prière de Jésus à son Père : « Que tous, ils soient un, comme toi, Père, tu es en moi, et moi en toi ». Voyons de quel « tous » il s’agit, et de quelle « unité ».

 

Le « tous » vise tous ceux qui croient en Jésus, cad tous ceux qui ne refusent pas son invitation. Car celui qui invite aux noces ne fait aucun tri, il ramasse tous ceux qui traînent à n’importe quel coin de rue : « Va-t-en vite par les places et les rues de la ville et amène ici les pauvres, les estropiés, les aveugles et les boiteux, dit S. Luc ; et ils rassemblèrent tous ceux qu’ils trouvèrent, les mauvais et les bons, dit S. Matthieu. Quel monde mêlé dans la maison de Dieu !

 

D’ailleurs, dans l’Evangile, qui Jésus croise-t-il ? Le lépreux, proscrit par la société ; le publicain, collecteur des impôts pour le compte de l’occupant romain ; et, de la même espèce, Zachée, collaborateur, profiteur et très probablement voleur. Jésus ose aussi adresser la parole à une Samaritaine, rejetée, bannie par les Juifs. Il supporte et accueille l’hommage d’une prostituée alors qu’il est reçu par un maître de la loi. Il refuse de condamner la femme adultère. Il ouvre grand le paradis au bandit crucifié avec lui. Ce Jésus accueille tout le monde.

 

C’est qu’il a effacé la dette que chacun avait à son égard, que ce soit des millions de pièces d’argent ou une petite centaine de piécettes. Il accueille tous et chacun comme son Père l’accueille en lui, comme son Père l’aime, et comme il aime lui-même.

 

Et par là, il nous inscrit tous dans le cœur de son Père, il nous fait un en lui, et du même coup, entre nous : il annule toutes ces dettes que nous avons aussi entre nous et pour lesquelles nous sommes vite prêts à égorger nos frère ou à les mettre en prison.

 

Il les annule parce qu’il fait plus encore : il donne du prix, un prix infini à tous ceux qu’il aime ; autrement dit : à tous : à nous tous tels que nous sommes. Et il nous invite à porter le même regard que lui et son Père sur tout homme lointain ou prochain. Ainsi, de proche en proche, par sa bienveillance et par sa grâce, sa prière se réalise de jour en jour : « Qu’ils soient un en nous, comme toi, Père, tu es en moi, et moi en toi ».

 

Ce contenu a été publié dans Homélies 2010. Vous pouvez le mettre en favoris avec ce permalien.