Huitième Dimanche du temps Ordinaire

Des soucis, du souci, nos vies en sont remplies ! Jésus s’en inquiète, si l’on peut dire. Et il attire notre attention ailleurs, vers le Royaume et sa justice, autrement dit : vers le lieu de Dieu, vers Dieu lui-même. Et, dans le même sens, le psaume responsorial propose comme alternative au souci le « repos en Dieu ». Mais l’Évangile d’aujourd’hui, la première lecture et le psaume nous proposent plusieurs pistes face au « souci » ; on peut en distinguer trois.
Une première piste étonne un peu. On ne s’attend pas trop à ce que l’Évangile nous propose des sortes de proverbes. Mais il s’en trouve… Ainsi, dans ce passage, nous avons ce condensé de sagesse humaine qui termine la page que l’on vient de lire. « Ne vous faîtes pas tant de souci pour demain : demain se souciera de lui-même ; à chaque jour suffit sa peine ». Sagesse pratique, sagesse pragmatique même.
Une autre forme de réponse, longuement développée dans notre page d’Évangile, est récapitulée en quelques lignes : « Ne vous faîtes donc pas tant de souci ; ne dites pas : ‘Qu’allons-nous manger ?’, ou bien : ‘Qu’allons-nous boire ?’, ou encore : ‘Avec quoi nous habiller ?’ Tout cela les païens le recherchent. Mais votre Père céleste sait que vous en avez besoin. »
L’homme, ici, n’est plus seul face à son quotidien. Il a une référence, ou plus exactement : un référent, une personne référente, et pas n’importe laquelle : quelqu’un qui connaît le tissu même de sa vie. Ailleurs dans l’Évangile selon S. Matthieu, le Père céleste est aussi celui qui voit l’aumône, la prière ou le jeûne que l’on accomplit dans le secret. Ce Père céleste, notre Père, sait ce que nous faisons ; il connaît aussi très bien ce que nous traversons, ce dont nous manquons, ce dont nous avons besoin. Jésus, sans rejeter la sagesse humaine condensée en proverbes, rappelle qu’il vaut mieux compter sur le Père.
Mais Jésus n’évoque pas seulement un Père qui a une froide connaissance de nos besoins. Il évoque un Père qui a du cœur, un vrai père qui a souci de ses enfants. Ces ‘oiseaux du ciel qui ne sèment ni ne moissonnent, votre Père céleste les nourrit. Mais ne valez-vous pas beaucoup plus qu’eux ? » L’homme vaut certes plus qu’un moineau, mais, dans le cœur de Dieu, son fils, tous ses fils et ses filles, valent même infiniment plus. Et si Dieu habille si glorieusement l’herbe des champs, ne fera-t-il pas bien davantage pour vous ? Oui, il fera davantage, parce que le cœur de Dieu est bien plus grand que le cœur de l’homme. C’est un cœur qui jamais n’oublie, un cœur qui aime toujours, quoi qu’il arrive. Isaïe disait, dans la première lecture : « Est-ce qu’une femme peut oublier son petit enfant, ne pas chérir le fils de ses entrailles ? » Mais le cœur de Dieu est plus grand encore que le cœur d’une mère : « Même si une femme pouvait l’oublier, moi, je ne t’oublierai pas ».
Aussi, comme le psalmiste, le chrétien se confie en tout à son Père des cieux. « Je n’ai de repos qu’en Dieu seul ».
Ce Dieu qui s’est compromis jusqu’en notre terre, au point qu’au jour du calvaire, nos noms soient gravés sur les paumes de ses mains. C’est ce qu’annonçait le prophète Isaïe : « Même si une femme pouvait oublier le fils de ses entrailles, moi je ne t’oublierai jamais. Vois, je t’ai gravé sur les paumes de mes mains. »
Père Abbé
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