Janvier 2024

Lundi 1er : Nous commençons cette nouvelle année comme nous avions terminé l’année dernière c’est-à-dire de manière gastronomique puisque nous partageons une raclette maison avant de régaler nos yeux en regardant « Fantasia » de Walt Disney.

Mardi 2 : Frère Rémy Vallejo dominicain à Lille vient nous présenter le projet qu’il a de consacrer un livre d’art en complément au livre de Monsieur Jean-Pascal Vanhove sur l’histoire du Mont des Cats dans le cadre du bicentenaire de la fondation de l’abbaye en 2026. Charge à nous de trouver les textes de notre tradition cistercienne qui « parleraient » le mieux aux lecteurs.

Plus de la moitié de la communauté suit par vidéo-conférence une – longue – session chaque mardi pendant 6 mois donnée par Mère Eleanor de la Maison Généralice sur les Constitutions de l’Ordre

Mercredi 3 : Après « deux années blanches » pour cause de Corona, nous retrouvons le conseil municipal de Gode pour les traditionnels vœux de nouvel an autour d’amuse-gueule et autre petits fours. Ce qui clôt les festivités liées au temps de Noël. Les bonnes choses ont toujours une fin, c’est bien connu.

Samedi 6 : Père Abbé s’en va à la bénédiction abbatiale de Dom Marco nouvel abbé de Tamié et de là partira à Maromby et nommera jeudi 18 Frère Edmond supérieur ad nutum de la communauté. Charge qu’il avait déjà remplie il y a déjà quelques années auparavant. Retour avec Frère Pierre-André le 25, juste à temps pour les 1ères Vêpres des Saints Fondateurs.

Dimanche 7 : En cette fête de l’Epiphanie, nous revisitons un des classiques de la littérature française en regardant un film consacré au « Petit Prince » de Saint Exupéry Composé d’archives et de formidables séquences d’animation.  Ce documentaire éclaire la genèse du chef-d’œuvre d’Antoine de Saint-Exupéry (1900-1944) en retraçant les quatre dernières années de sa vie, marquées par la guerre et son exil aux États-Unis. Suite et fin dimanche 14.

Mardi 9 et mercredi 10 : Nous regardons et écoutons le Père François Potez retracer son itinéraire humain et spirituel qui l’a conduit de la marine au sacerdoce jusqu’à écrire « La grave allégresse » que nous lisons au réfectoire.

Vendredi 12 et la semaine suivante, nous reprenons des cours de patrologie en suivant – on l’aura deviné – « la foi prise au mot » consacrée aux « Ecrits des Pères Apostoliques ». Cela nous conduira des « Premiers écrits chrétiens » en passant par « Le Pasteur » d’Hermas en continuant avec Ignace d’Antioche pour finir avec Justin. Ne manquera plus qu’une interrogation écrite ou orale !!!!!

Dimanche 21 : S’il est un écrivain de la grâce de Dieu par excellence, c’est bien Georges Bernanos.  A l’œuvre dans les ténèbres les plus épaisses de la condition humaine, l’écrivain l’a incarnée dans les personnages de ses romans en prise avec le réel de leur temps. Spécialiste de l’œuvre romanesque de l’écrivain, le théologien Benoît Lobet nous décrypte l’essence de la foi chrétienne aux prises avec le combat spirituel entre le Bien et le Mal. 

Lundi 22 : Notre frère Gilles est hospitalisé pour une nouvelle intervention au niveau des jambes. Retour le 1er février

Dimanche 28 : Nous sommes en retraite, ni plus ni moins et ce, jusqu’au 4 février.   Et cette année c’est notre voisin Mgr Dufour qui nous la prêche. Ce dernier ayant séjourné un peu plus de 2 mois chez nous en 2022 pendant les travaux du presbytère de Meteren où il réside désormais. Et Mgr Dufour de lire « l’Apocalypse » de manière continue et en parallèle avec « le Principe et Fondement » de Saint Ignace. Chacun aura eu de quoi « prendre » pour approfondir sa relation au Seigneur.

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Saints Robert, Albéric et Etienne

Les Saints Fondateurs de Cîteaux

Nous célébrons aujourd’hui les trois abbés fondateurs de l’Abbaye de Cîteaux.  Chacun à sa manière a mis sa pierre à l’édifice pour que l’Ordre Cistercien soit ce qu’il est devenu, avec son rayonnement jusqu’à aujourd’hui.  Chacun des trois donna une couleur particulière à l’édifice. 

Robert avec quitté Molesmes pour s’installer dans un lieu retiré, où il souhaitait vivre de manière plus conforme à ce que Saint Benoît enseigne dans sa Règle.  Le travail manuel était remis à l’honneur, alors qu’à l’époque nombre de monastères vivaient des revenus du travail d’autrui.  Robert souhaitait également rompre l’habitude que les seigneurs locaux viennent en grande pompe investir les monastères pour leurs réunions mondaines. 

Albéric eut pour première tâche de fixer la communauté sur le lieu, en remplaçant les cabanes par un monastère en dur.  Les anciens ermites de Molesmes devinrent dès lors des moines cénobites, pour qui la Règle de Saint Benoît avait été écrite.   Mais les vocations restaient rares, car le Nouveau Monastère avait une telle réputation d’austérité que personne n’envisageait d’y entrer. 

Étienne succéda à Albéric et, grâce à un long abbatiat, put mettre sur pied l’organisation juridique, canonique et liturgique.  Dès avant d’être abbé il avait rétabli le chant grégorien selon la tradition de Saint Ambroise de Milan, et simplifié l’office pour respecter davantage ce que Saint Benoît nous enseigne dans sa Règle.  Selon le Grand Exorde, Saint Étienne, brûlait d’une fidélité jalouse et d’un amour ardent pour la vie monastique, la pauvreté et la discipline régulière.  C’est cet amour qui donna vie à la communauté de Cîteaux.   On peut imaginer que c’est cette coloration particulière d’Étienne qui modifia la manière de penser des contemporains vis-à-vis du « Nouveau Monastère ».  Les vocations commencèrent à entrer, ce qui permit de prévoir des fondations dans l’esprit de Cîteaux.  C’est pourquoi, sous l’inspiration d’Étienne, la Charte de Charité fut rédigée pour définir le lien qui doit unir toutes les communautés vivant la même spiritualité.

C’est dans cet environnement apaisé et dans une vraie « école de l’amour du Seigneur » que les vocations affluèrent en nombre.  La fondation de La Ferté était déjà bien engagée lorsque Bernard arriva avec ses 30 compagnons.  On a souvent tendance à dire que c’est Bernard qui est le fondateur de Cîteaux.  Nous, moines, savons que ce n’est pas vrai.  Mais Bernard est le plus connu des premiers cisterciens.  Disons que Bernard a mis en paroles, dans ses écrits et ses sermons, ce que Robert, Albéric et Étienne ont commencé.  Le terreau était fertile, Bernard y fut planté par le Seigneur et a donné un fruit abondant. C’est par ses œuvres que Bernard a donné une forme littéraire à la vision monastique des fondateurs de Cîteaux.  De ce fruit abondant, nous vivons toujours.    

Rappelons encore une fois que ce sont Étienne et les fondateurs de Cîteaux qui ont rédigé la Charte de Charité.  Bernard a appliqué le maître-mot de la charité dans ses écrits, et a interprété le Livre du Cantique des Cantiques, dans la culture féodale de l’époque, pour en faire le chant d’amour de l’âme du moine avec son Époux, le Christ ressuscité. 

C’est de tout cela que nous sommes les héritiers.  Héritiers bien malhabiles, bien inférieurs à nos maîtres, qu’ils soient Bernard, Guerric, Aelred, Gilbert et tous les autres.  Essayons du moins de nous inspirer de leur science, de leur expérience spirituelle dans notre propre vie de prière, dans notre propre relation à Dieu et à nos frères.  Comme nous le rappelle la Charte de Charité, essayons à leur exemple, de « servir le seul vrai Roi, Seigneur et Maître », le Christ.

En cette célébration de fête, demandons au Seigneur de suivre l’exemple de nos saints Fondateurs et d’être comme eux, fidèles à notre vocation et attentifs à son appel pour aujourd’hui.  Que, comme l’exprimèrent les auteurs cisterciens à l’école de nos Fondateurs, nous ayons au fond du cœur le désir ardent de courir vers la vie éternelle.  Que nous soyons des témoins pour aujourd’hui de l’attente de la grande rencontre avec notre Seigneur le Christ.  Il viendra nous chercher et nous entrerons alors dans sa gloire, pour le contempler éternellement, lui, l’Epoux de notre âme, Lui que nous avons cherché tout au long de notre vie monastique.

Père Bernard-Marie

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Jour de l’An, Sainte Marie Mère de Dieu

Octave de Noël.

À la messe du Jour de Noël, nous entendions le Prologue de l’Évangile selon St Jean :
Au commencement était le Verbe,
et le Verbe était auprès de Dieu, et le Verbe était Dieu.
Il était au commencement auprès de Dieu. (Jn 1,1-2)

Nous avons quitté les anges dans les campagnes et les bergers devant la crèche pour réfléchir à la divinité de ce petit d’homme, ce bébé qui a tout à apprendre de ses parents.  Toute la semaine de l’Octave de Noël, nous avons entendu les évangiles de la fuite en Égypte et du martyre des Saints Innocents, puis vendredi et samedi les événements qui se passèrent au Temple au moment de la Présentation du nouveau-né par ses parents, et les prophéties de Siméon et Anne, que nous réentendions hier dimanche (Lc 2,22-40). 

L’évangile de ce matin nous rapporte l’épisode entre la visite des bergers et la présentation au Temple, avec la circoncision et le nom de Jésus qui fut donné à l’enfant.  Tout cela nous fait prendre conscience que les parents de Jésus avaient bien du mal à situer exactement ce que deviendrait cet enfant, pour reprendre l’interrogation qui entoura la naissance de Jean le Précurseur.  D’une part Dieu intervient : Jésus qui veut dire Le Seigneur Sauve.  D’autre part : un glaive te transpercera le cœur. 

La vie en notre monde n’est jamais « un long fleuve tranquille », indépendamment de notre religion, de nos convictions, de notre condition, de notre métier, de notre famille.  Tout le monde a son lot de joies et son lot de peines, ses bonheurs et ses souffrances.  Lorsque nous croyons en Jésus-Christ, les souffrances sont toujours là, mais elles prennent davantage de sens, puisqu’elles participent à la Rédemption.  De même, les joies prennent davantage de sens, car elles nous font participer à la Gloire.

Nous avons tout à apprendre des saints qui nous révèlent comment ils ont vécu leur vie d’homme et de femme dans une proximité avec Dieu parfois au quotidien.  Le plus bel exemple de cette proximité, c’est la Vierge Marie elle-même, qui en la fête de ce jour, ouvre l’année nouvelle.  Marie, Mère de Dieu, comme nous l’enseigne Saint Bernard, est particulièrement puissante auprès de son Fils pour exaucer les prières de ceux qui l’invoquent. 

Lorsque vous assaillent les vents des tentations, lorsque vous voyez paraître les écueils du malheur, regardez l’étoile, invoquez Marie.  Si la colère, l’avarice, les séductions charnelles viennent secouer la légère embarcation de votre âme, levez les yeux vers Marie.  Si, troublés par l’atrocité de vos crimes, honteux des souillures de votre conscience, épouvantés par la menace du jugement, vous commencez à vous engloutir dans le gouffre de la tristesse et l’abîme du désespoir, pensez à Marie…

En la suivant, vous ne vous égarerez pas ; en la suppliant, vous ne connaîtrez pas le désespoir ; en pensant à elle, vous éviterez toute erreur.  Si elle vous soutient, vous ne sombrerez pas ; si elle vous protège, vous n’aurez rien à craindre ; sous sa conduite, vous ignorerez la fatigue ; grâce à sa faveur, vous atteindrez le but.  (Miss. 2,17)

Marie ne nous laissera pas tomber si nous l’invoquons pour des choses dignes de cela.  C’est ce que nous nous rappelons au seuil de cette année nouvelle.  Dieu nous bénit, spécialement en ce jour.  Marie est avec nous, également tout spécialement en ce jour.  C’est également, en ce premier janvier, la Journée Mondiale pour la Paix.  Le monde a bien besoin de paix…  Impossible de nommer tous les pays où la guerre fait rage.  Citons Israël et les Palestiniens, l’Ukraine et la Russie, les Arméniens du Haut-Karabakh, sans oublier que tant de croyants sont persécutés à cause de leur religion dans nombre de pays. 

Mais ne nous laissons pas abattre par la gravité de la situation.  C’est pourquoi la liturgie de ce jour nous fait entendre la bénédiction solennelle que Moïse prononça sur le Peuple.  Que ce soit aussi la bénédiction du Seigneur sur chacun de nous tout au long de cette année :
Que le Seigneur te bénisse et te garde !
Que le Seigneur fasse briller sur toi son visage, qu’il se penche vers toi !
Que le Seigneur tourne vers toi son visage, qu’il t’apporte la paix !  

Demandons encore et encore à Dieu de nous venir en aide et de nous accompagner durant l’année qui s’ouvre.  Que nous progressions dans une intimité toujours plus grande avec Dieu et une charité vraie envers nos frères et nos proches.

Père Bernard-Marie

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Décembre 2022

Vendredi 1 er :  Père Abbé s’en va assister aux funérailles de Monsieur Debeunne un ancien administrateur de l’ASB.

Au soir de ce 8 décembre, fête de l’Immaculée Conception, Père Abbé nous propose quelques 200 photos – ni plus ni moins – de son périple romain.

Samedi 9 : À leur demande, Frères Bruno, Daniel, Florent et Laurent reçoivent le sacrement des malades au cours de l’office de None. Frère Pierre est hospitalisé à Armentières pour insuffisance cardiaque retour au bercail lundi 18.  Il recevra seul ce même sacrement le samedi 23 également au cours de l’office de None.

Dimanche 10 : Nous n’aurons de cesse d’approfondir notre foi. Aussi, est-ce dans cette perspective que nous regardons et écoutons Daniel Marguerat nous parler de son « Paul, l’enfant terrible du christianisme ». Emission tirée non pas de « la foi prise au mot » comme quoi mais des « Jeudis de la Procure ». Passionnant. Suite et fin le dimanche 31 pour finir l’année en beauté !!!!!

Lundi 11 : La ville éternelle n’aura bientôt plus aucun secret pour Père Abbé puisqu’il y retourne cette fois-ci pour y assumer son rôle de Père Immédiat auprès de nos frères de Frattocchie dans le cadre de la visite régulière comme nous disons dans notre jargon monastique. Au soir de son retour samedi 16, Père Abbé se dit satisfait de cette visite régulière avec en toile de fond encore et toujours la vente de Frattocchie, plus près que jamais d’aboutir et du transfert en bonne voie à Fano

Au soir de ce mardi 12, nous regardons et écoutons le Père Richard Fenamanana décrire la situation sociale et religieuse de la Grande île de Madagascar

Dimanche 17 : À quelques jours de Noël, nous retrouvons Père Podvin qui, avant d’être à l’écoute des uns et des autres, nous commente, comme à chacun de ses passages, l’actualité du moment.  Il nous souligne la monstruosité de la guerre entre Israël et le Hamas avec comme conséquence beaucoup d’actes antisémites en France. Cela ne devrait pas nous faire oublier le conflit en Ukraine dont l’avenir est incertain comme l’est celui des Arméniens. Père Podvin note qu’en France la violence augmente encore et toujours, tandis que dans l’éducation nationale on déplore que le niveau scolaire baisse. De quoi aussi s’inquiéter de voir l’avortement dans la Constitution en s’appuyant sur la réflexion que mène Mgr d’Ornellas sur le sujet. Il note aussi la crise des EPHADs.  Côté Eglise, Père Podvin revient sur le rassemblement des 600 séminaristes de France qui a eu lieu à Paris pour s’encourager dans un monde de plus en plus déchristianisé. Enfin, il propose une synthèse de la méthode de Mgr Le Boulc’h quant à la visite pastorale du diocèse qu’il fait.

Samedi 23 :  Philippe Duc vient passer les fêtes de fin d’année avec nous avec désormais un statut un peu différent d’avant, à savoir qu’il ne partagera que les repas avec nous et le scriptorium.

Mardi 26 : Pour nous remettre de nos émotions engendrées par la célébration du mystère de la Nativité, nous écoutons Monsieur Bigand, notre expert-comptable, nous présenter les comptes de l’année dernière. Ce qui nous remet les pieds sur terre de manière assez abrupte.

Mercredi 27 : Frère Pierre-André s’en va passer quelques semaines à Maromby et retrouver aussi sa famille. Retour le 25 janvier….de l’année prochaine avec Père-Abbé

Jeudi 28 : A la Saints Innocents, nous partageons le repas de midi, avec ceux et…celle qui tous les jours nous préparent non pas le pain des anges mais le repas de la terre. 

Samedi 30 : Père Abbé et Frère Daniel nous proposent une rétrospective en images des principaux événements de l’année écoulée. Pas mal du tout !!!!!

Au réfectoire nous lisons actuellement « Ce qui nous attend.  L’effet papillon des conflits mondiaux » du Général Dominique Trinquand. 

Cette lecture a été interrompue pour lire Joyeux Noël, histoires pour lire au pied de l’arbre de Noël, pendant le temps de Noël.

Père Abbé et les frères de la communauté vous adressent leurs vœux de bonheur et de santé tout au long de l’année 2024, pour vous-mêmes et pour ceux que vous aimez.

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Solennité de Noël, Messe de Minuit

La naissance d’un Sauveur.

Cette nuit, pendant l’office des Vigiles, nous avons entendu ce texte d’Isaïe :
Un rejeton sortira de la souche de Jessé, un surgeon poussera de ses racines.
Sur lui reposera l’Esprit du Seigneur, esprit de sagesse et d’intelligence,
esprit de conseil et de force, esprit de connaissance et de crainte du Seigneur :
son inspiration est dans la crainte du Seigneur…
Il jugera les faibles avec justice,
il rendra une sentence équitable pour les humbles du pays.
La justice sera la ceinture de ses reins, et la fidélité la ceinture de ses hanches.

Aujourd’hui nous savons que cette prophétie concernait Jésus, le fils de Marie.  Mais à l’époque d’Isaïe on ne savait pas de quelle époque Isaïe parlait.  Même du temps de Marie et Joseph, personne n’imaginait que ces paroles s’appliqueraient de leur vivant. 

L’ange Gabriel était bien venu à Marie pour lui annoncer de grandes choses.  L’ange du Seigneur avait bien parlé à Joseph dans un songe, mais en cette nuit à Bethlehem…  les portes se sont fermées à ces pauvres gens, malgré le fait que Marie devait enfanter.  Faute de mieux, c’est à l’écart des maisons, dans une petite bergerie vide, que Marie put déposer l’enfant nouveau-né.  Marie et Joseph durent se poser des tas de questions, eux à qui l’ange avait annoncé des merveilles que leur enfant réaliserait.  Et les voilà réduits à la plus grande pauvreté, seuls et en terre inconnue. 

Dieu ne laissa pas tomber le jeune ménage et l’Enfant.  Non seulement les anges dans nos campagnes ameutèrent les bergers qui paissaient leurs troupeaux, mais eux-mêmes vinrent chanter la Gloire, Gloire à Dieu au plus haut des Cieux. 

Cela n’empêche que la vie de Joseph et de Marie devait être complètement chamboulée, et cela durera jusqu’à leur mort.  Lorsque Dieu comble de grâce tel ou tel saint, la croix va avec.  Rappelons-nous ce qu’aurait dit Sainte Thérèse d’Avila au Seigneur lors d’une de ses visions : Si tu traites tous tes amis comme tu me traites, je comprends que tu n’en as pas beaucoup.  Si ce n’est pas l’épreuve envoyée par Dieu, les hommes et les démons se mettent de la partie pour mettre des bâtons dans les roues.  Jalousies, médisances, critiques de toutes sortes, et j’en passe.  Après la naissance de Jésus nous célébrerons la fuite en Égypte et les Saints Innocents. 

C’est encore vrai aujourd’hui.  Nous célébrons cette nuit la venue de Jésus à Bethlehem, oui.  Mais commémorer un événement aussi lointain, il y a plus de 2000 ans, n’a pas beaucoup de sens.  Nous célébrons aujourd’hui la venue dans notre monde de Jésus, le Sauveur.  Sa naissance a transformé le monde, sa mort donne sens à toutes nos existences, avec ses joies, ses peines et ses souffrances. 

Selon Saint Bernard, il y a trois avènements de Jésus.  Le premier, bien évidemment, c’est sa naissance dans la grotte de Bethlehem que nous célébrons cette nuit.  Le troisième et dernier avènement c’est lorsque Jésus reviendra dans sa gloire pour juger les vivants et les morts. Et le second avènement, ou l’avènement intermédiaire, c’est lorsque Jésus entre dans notre vie, dans notre cœur.  Jésus y vient chaque jour, lorsque nous l’invoquons, lorsque nous cherchons à vivre selon sa Parole, ses enseignements. 

C’est ce que nous rappelaient les deux Préfaces de l’Avent :
Il est déjà venu en assumant l’humble condition de notre chair,
Il viendra de nouveau, revêtu de gloire.
Et qu’il nous trouve, quand il viendra, vigilants dans la prière et remplis d’allégresse.
C’est Noël, par lequel Jésus vint nous ouvrir à jamais le chemin du salut.

Et, dans la Préface de cette Nuit de Noël nous rendons grâce à Dieu :
la révélation de ta gloire s’est éclairée pour nous d’une lumière nouvelle
dans le mystère du Verbe incarné :
maintenant nous connaissons en lui Dieu qui s’est rendu visible à nos yeux,
et nous sommes entraînés par lui à aimer ce qui demeure invisible.

En cette nuit de Noël, avançons joyeux vers Jésus, l’Enfant de la crèche.  Ouvrons-lui notre cœur et Il y fera sa demeure.  Il nous accompagnera sur notre route de vie et nous aidera à avancer dans les moments plus difficiles, comme dans les moments de bonheur. 

Oui, Gloire à Dieu au plus haut des Cieux et paix sur la terre aux hommes qu’Il aime !

Père Bernard-Marie

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