21ème Dimanche du Temps Ordinaire

Tu as les paroles de la vie éternelle…

Saint Pierre nous est connu dans les Évangiles pour ses réponses à l’emporte-pièce et ses réactions directes et immédiates.  Plusieurs fois aussi, Saint Pierre se fait le porte-parole de tous les disciples, avant même que Jésus ne lui donne les clés de l’Église (Mt 16,18-19).
Ce n’est pas sûr que Pierre et les disciples aient vraiment compris ce que Jésus nous a enseigné dans le discours sur le Pain de Vie que nous a rapporté Saint Jean dans son Évangile.  Pouvaient-ils seulement comprendre ?  Ils n’avaient pas davantage de connaissance que les Juifs et les Pharisiens qui, à entendre Jésus dire : Je suis le Pain de Vie, s’offusquent et s’enfuient.
Lorsque Jésus demanda aux disciples : « Au dire des hommes, qui suis-je ? » puis, un peu plus tard : « Et pour vous, qui suis-je ? », Pierre affirme avec assurance : « Tu es le Messie, le Fils du Dieu Vivant ! »
En réponse Jésus lui dit : « Heureux es-tu, Simon, fils de Jonas, car ce n’est pas la chair et le sang qui t’ont révélé cela, mais mon Père qui est aux Cieux… » (Mt 16,13-17)
Cette réponse, nous pouvons imaginer que Jésus la redit ici après que Pierre lui eut dit : « Tu as les paroles de la vie éternelle ».
Pierre est le disciple qui, le seul, demanda à Jésus de pouvoir marcher sur les eaux alors que le vent leur était contraire.  Il voulait suivre Jésus dans l’extraordinaire.  Mais la peur l’assaillit lorsqu’il se rendit compte de ce qu’il était en train de faire et voilà qu’il se mit à s’enfoncer dans les eaux.  Homme de peu de foi, lui dit Jésus (Mt 14,27-31).
Pierre fut aussi le porte-parole des disciples lors de la dernière scène affirmant avec aplomb que lui, c’est sûr, n’allait pas abandonner le Maître.  Mais il fut le premier à renier, et par trois fois, avant que le coq ne chante (Mt 26,33-34).
Tout ceci ne doit pas nous faire penser que Pierre fut le seul à affirmer sa foi, le seul à oser, le seul à hésiter.  Rappelons-nous encore les trois disciples invités avec Jésus sur une haute montagne et qui Le virent transfiguré.  Jacques et Jean, après cette expérience, appuyés par leur mère, demandèrent à Jésus de pouvoir siéger « l’un à sa droite, l’autre à sa gauche, dans le Royaume » (Mt 20,20-21).
Pour les apôtres, les piliers du Peuple Nouveau, Jésus restait une réelle énigme.  Qui mange ma chair et boit mon sang… ma chair est la vraie nourriture et mon sang la vraie boisson… (Jn 6,54-56) Comment comprendre ?  Lorsque Jésus dit à Pierre Jacques et Jean : avant que le Fils de Dieu ne ressuscite… (Mc 9,9-10)  comment pouvaient-ils comprendre ?
Cela vous heurte ? leur demande Jésus (Jn 6,61).  Oui, certainement, comme les disciples moins proches, comme les scribes et les pharisiens.
Mais la relation de Jésus avec ses apôtres n’est pas la même qu’avec ses auditeurs, ses disciples ou les chefs du peuple.  Si Marc dit dans son Évangile à propos du jeune homme riche : Jésus posa son regard sur lui et il l’aima (Mc 10,21), à combien plus forte raison cette expression ne devait-elle pas être la relation habituelle de Jésus avec ses plus proches disciples.
Les disciples devaient avoir bien du mal à comprendre toutes les paroles de Jésus.  Mais ils se souviennent certainement des paroles que Jésus leur a adressées, la première étant déjà l’appel à Le suivre.  Puis le regard d’amour de Jésus sur eux devait tellement les impressionner, qu’ils n’avaient cure de ne pas comprendre toutes ses Paroles.  Avec Pierre ils pouvaient affirmer : Tu as les paroles de la vie éternelles (Jn 6,68).  Même s’ils avaient du mal à comprendre ces paroles de vie éternelle.
Jésus nous demande à nous aujourd’hui de faire confiance.  Il nous appelle à Le suivre, chacun sur son chemin particulier.  Il nous dit parfois des paroles mystérieuses, mais gardons confiance.  Il est à nos côtés et si, maintenant, nous ne comprenons pas tout, nous savons qu’un jour nous comprendrons.
Nous ne voyons pas Jésus marcher à côté de nous, mais nous croyons qu’Il nous accompagne.  Il nous regarde et Il nous aime.  Jésus chaque jour nous dit : suis-moi.  Et lorsqu’il nous dit : voulez-vous partir, vous aussi ?  Faisons comme Saint Pierre et les autres apôtres.  Jésus a les paroles de la vie éternelle.  Aussi pour nous aujourd’hui.  Faisons comme les disciples : suivons Jésus même si nous ne comprenons pas tout ce qu’Il nous demande.
Les Paroles de Vie, et le Pain de Vie que nous romprons dans quelques instants, sont les gages de la vie éternelle que Jésus nous donne si nous Le suivons, là où Il nous invite.  Demandons-Lui dans cette Eucharistie de garder confiance en Celui qui, à chaque instant, pose son regard sur nous et nous aime.

Frère Bernard-Marie

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