21ème Dimanche du Temps Ordinaire

Montdescats

Jésus se rendit à Césarée de Philippe.

La péricope d’Évangile que nous venons d’entendre est la plus développée des trois Synoptiques concernant le voyage que Jésus fait avec ses disciples jusqu’à Césarée de Philippe.   Si la première question de Jésus est reprise par chacun : Au dire des hommes qui suis-je ?, la réponse de Jésus à Pierre n’est rapportée que par Saint Matthieu.  Peut-on en déduire pour autant que cette réponse est de la main de l’évangéliste et que Jésus ne l’a pas prononcée ?  Certains exégètes le pensent, mais nous ne sommes pas obligés de les suivre.
À l’époque de Jésus, il y avait à Césarée de Philippe un temple païen en l’honneur du dieu Pan, le dieu de la fécondité.  À côté du temple jaillissait la principale source du Jourdain, et elle sortait avec fureur d’un puits sans fond dans le sol.  À tel point que l’on imaginait ici encore mieux qu’ailleurs que Dieu avait enfermé les eaux qui sont sous la terre dans l’Hadès, pour qu’elles ne submergent plus la terre.
C’est en ce lieu païen, loin des oreilles indiscrètes des pharisiens sourcilleux que Jésus pose aux disciples la question qui est au cœur de sa vie publique : qu’est-ce que les gens ont compris de mon message, pour eux, qui suis-je ?
Puis vient la question principale : qu’est-ce que VOUS avez compris de mon message, pour vous qui suis-je ?  Comme à son habitude, c’est Pierre qui prend la parole le premier, avec sa conviction habituelle pour répondre : Tu es le Messie.
Jésus est venu à Césarée de Philippe pour commencer à préparer ses disciples à sa mort inéluctable dans les prochains mois.  La première étape est de leur faire prendre conscience, dans la mesure du possible, qu’Il est le Messie.  Suite à cela, Jésus confirme Pierre dans sa fonction de premier parmi les disciples.  Et Il lui donne tous les pouvoirs dans cette réponse que seul Saint Matthieu nous a rendue.
Lorsque Jésus dit : La puissance de l’Hadès ne l’emportera pas sur mon Église, les disciples comprennent immédiatement.  Le mal, les démons, séjournaient dans l’Hadès, le monde inférieur, le monde de la mort, supposé être le monde aquatique sur lequel la terre avait été posée lors de la création.  Jésus donnait donc un pouvoir tel à Pierre et à l’Église que les forces du mal, représentées ici par l’eau jaillissante des fonds terrestres, ne pourraient pas, ou plus, submerger la terre.  La communauté qui va naître des premiers disciples, sera vainqueur du mal sous toutes ses formes.  En donnant à Simon le nom de Pierre, Jésus confirme aussi que cette pierre ne sera pas submergée par le mal, elle sera fermement plantée dans la terre et dans le foi.
Pierre a-t-il compris ce qu’il a dit ?  A-t-il compris ce que Jésus a répondu ?  Certainement non, comme la suite de l’Évangile nous le rappellera.  En effet, lorsque Jésus annoncera la première fois qu’il retourne maintenant à Jérusalem et qu’il y sera tué, Pierre encore une fois répondra en affirmant que ce n’est pas possible… Dieu t’en garde, lui répondra-t-il…
Jésus va encore montrer dans la Transfiguration qui Il est, et la voix du Père rappellera aux trois disciples : Voici mon Fils, écoutez-le (Mt 17,5).  Cela non plus ne suffira pas.  Jésus réalise qu’aucun de ses disciples ne comprend ce qu’Il leur dit, et les trois annonces de la Passion en témoignent.  Seul, incompris, c’est en durcissant son visage, comme l’écrit Saint Luc (Lc 9,51), que Jésus monte à Jérusalem, sachant qu’il y sera tué.  Pierre, toujours le premier à répliquer, promet qu’il n’abandonnera pas son maître, mais sera le premier à le renier.  Tous, sans exception, s’enfuient lamentablement lorsque Jésus est arrêté dans le Jardin de Oliviers.
Après sa résurrection, Jésus pardonnera à tous ses disciples.  À ces hommes ordinaires, prompts à dire oui mais tout aussi prompts à s’enfuir, à ces hommes, Jésus confiera l’Église qui va naître.
Ne nous décourageons pas si nous nous sentons pécheurs, incapables, en-deçà de la tâche qui nous est dévolue.  Même si nous tombons, si nous renions, Jésus ne nous abandonnera pas.  Nous avons du prix aux yeux de Dieu et Il nous aime.  C’est cela le grand message que Jésus est venu nous apporter.  Il cherche à nous faire comprendre cela, comme Il a cherché à le faire comprendre aux apôtres.  Eux n’ont pas compris… ne nous décourageons donc pas si nous avons du mal à comprendre.  Mais, lorsque la lumière apparaît et que nous entrevoyons le sens de ce que nous avons vécu, rendons grâce à Dieu et avançons avec confiance sur la route qui continue à s’ouvrir devant nous.
Que la participation à cette eucharistie ouvre notre cœur aux appels de Dieu, et Jésus nous donnera la force, par cet aliment du ciel, pour avancer joyeusement à sa suite.

Frère Bernard-Marie

Ce contenu a été publié dans Homélies 2017. Vous pouvez le mettre en favoris avec ce permalien.